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Pour une Nouvelle France forte et indépendante
25 août 2018

1793-1794 : le Génocide vendéen : les crimes contre l'humanité inouïs commis par les armées révolutionnaires de la République

Le numéro 42 d'avril 2018 de la revue SCIENCE & VIE - GUERRES & HISTOIRE a consacré une Etude de 20 pages largement illustrée en couleurs à la guerre civile de Vendée en 1793 et 1794.

Pourtant, elle passe rapidement sur les atrocités monstrueuses commises par les armées républicaines contre la population civile rurale, non seulement en 1793, mais surtout de janvier à juillet 1794, en appliquanr de la façon la plus impitoyable l'ordre barbare de lois des 1er août et 1er octobre 1793 votées par la Convention ( sous l'impulsion de Robespierre, Saint Just, Carnot, Barère...) d'exterminer la totalité de la population civile des zones rurales (villages, bourgs, petites villes, métairies et habitations isolées... tout devait être incendié, les cultures détruites, les puits empoisonnés, le bétail massacré ou emmené par les soldats...).

770 communes s'étendant sur 4 départements dont celui de la Vendée ont été ainsi concernées. En janvier 1794 une armée de 60 000 hommes avait été rassemblée et divisée en 12 colonnes de 5000 soldats progressant de façon convergente depuis la périphérie de la zone à transformer en désert. Cette armée fut renforcée notamment par 10 000 "Mayençais" rapatriés d'Allemagne, pour atteindre en mai 1794 un total de 75 000 hommes.

L'une des méthodes d'extermination les plus utilisées consistait à rassembler toute la population sur une place, à en séparer les hommes, puis à entasser par centaines dans l'église toutes les femmes et les enfants, et enfin à incendier l'église afin d'y brûler vifs toutes les femmes et les enfants. Ceux qui tentaient de s'en échapper étaient fusillés par les "braves" soldats républicains..

Les hommes étaient rassemblés dans des hangards pour y être brûlés vifs ou fusillés ou tués à la baïonnette.

Tous les bâtiments étaient pillés puis incendiés.Les malades et vieillards massacrés ou brûlés vifs dans leurs lits.

Dans de nombreux villages également des habitants et des enfants étaient jetés vivants dans des fours à pain en fonctionnement...Des témoins oculaires racontèrent que les hurlements  atroces des victimes s'entendaient jusqu'à 2 km à la ronde, et distrayaient beaucoup les soldates républicains présents à ces massacres abominables.

Le 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane, (Limousin) des unités de la 2ème SS Panzer Division "Das Reich" dont le régiment "Der Führer", procédèrent exactement de cette façon pour exterminer les 650 habitants de ce petit village paisible (probablement 1000 en réalité avec des réfugiés non comptabilisés qui s'y étaient installés) en représailles à des attaques de la Résistance et ce afin de terroriser la région et la France occupée toute entière ...

Ce crime contre l'humanité fut l'unique massacre de civils  de cette ampleur en France pendant l'Occupation nazie, qui souleva d'indignation  toute la France et l'opinion internationale.

Mais, en Vendée en 1794, ce furent des centaines d'Oradour-sur-Glane tuant chacun en moyenne 500 habitants dont une majorité de femmes et d'enfants  de la façon la plus horrible, par le feu mais aussi par toutes sortes de procédés plus barbares les uns que les autres, qui furent perpétrés par des divisions de soldats républicains sadiques déchaînés, sous les yeux satisfaits des généraux qui les commandaient !

 

Les Allemands ont commis en France UN Oradour-sur-Glane, les armées révolutionnaires républicaines de 1794 en ont commis en Vendée quelque 700 ...  700 x 500 = 350 000 victimes civiles vendéennes (hommes, femmes, enfants...) très souvent abominablement torturées avant de mourir, enfants compris.

Aux  350 000 morts (ou davantage...400 000 ?) de ce génocide il faut ajouter au moins  150 000 tués en 1793, en 9 mois (principalement l'Armée Catholique et Royale, dont 75 000 hommes et femmes sur 80 000 furent férocement massacrés au Mans et à Savenay en décembre 1793), plus 40 000 à 50 000 soldats républicains tués.

Le total général des victimes dans les deux camps (non compris les blessés) a vraisemblablement atteint le chiffre de 600 000.

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LE GENOCIDE VENDEEN

 

 

LES "COLONNES INFERNALES" DU GENERAL TURREAU - 60 000 à 75 000 soldats - torturent et massacrent sauvagement tous les habitants y compris les bébés, les enfants, et appliquent la politique de la terre brûlée, transformant en désert jonché de cadavres et de ruines une région de 815 000 habitants...

 

« Mes Colonnes ont déjà fait des merveilles ; pas un rebelle n’a échappé à leurs recherches… Si mes intentions sont bien secondées, il n’existera plus dans la Vendée, sous quinze jours, ni maisons, ni subsistances, ni armes, ni habitants. Il faut que tout ce qui existe de bois, de haute futaie dans la Vendée soit abattu… » Général TURREAU le 24 Janvier 1794

 

« Amey fait allumer les fours et lorsqu’ils sont bien chauffés, il y jette les femmes et les enfants. Nous lui avons fait des représentations ; il nous a répondu que c’était ainsi que la République voulait faire cuire son pain. D’abord on a condamné à ce genre de mort les femmes brigandes, et nous n’avons trop rien dit ; mais aujourd’hui les cris de ces misérables ont tant diverti les soldats et Turreau qu’ils ont voulu continuer ces plaisirs. Les femelles des royalistes manquant, ils s’adressent aux épouses des vrais patriotes. Déjà, à notre connaissance, vingt-trois ont subi cet horrible supplice et elles n’étaient coupables que d’adorer la nation (…).

 

« L’Anjou est réservé à la cinquième colonne commandée par Cordelier. Son lieutenant, Crouzat, ravage sur sa route Gonnord, Joué, Chemillé, Chanzeaux, Melay. Sa méthode est connue : il fouille d’abord les maisons, en arrache les femmes, les enfants, les vieillards, les malades qu’il force à assister au pillage de leurs demeures et de l’église, puis met le feu partout. Ensuite il aligne les habitants et les fusille. » Reynald SECHER

 

« Plus de cinq cents, tant hommes que femmes, ont été tués… J’ai fait fureter les genêts, les fossés, les haies et les bois, et c’est là qu’on les trouvait blottis. Tout a été passé par le fer car j’avais défendu que les trouvant ainsi on consommât des munitions. A mon arrivée à La Verrie, j’ai fait passer au fil de la baïonnette tout ce que j’ai trouvé. »  HUCHE

 

« Cinquante-huit individus, désignés sous la dénomination de prêtres réfractaires, sont arrivés d’Angers à Nantes : aussitôt ils ont été enfermés dans un bateau sur la Loire ; la nuit dernière, ils ont été tous engloutis dans cette rivière. » CARRIER

 

« Un délire de sang et de sadisme, écrit Gabory, s’empare des soldats : ils se réservent comme butin de guerre les femmes les plus distinguées et les religieuses. Ils dépouillent les cadavres de leurs vêtements, et les alignent sur le dos… ils appellent cette opération : « mettre en batterie… ». « Ils vont, raconte Béjary, jusqu’à introduire dans le corps des victimes des cartouches auxquelles ils mettent le feu » (…). « Des prisonniers, dit l’abbé Deniau, vieillards, femmes, enfants, prêtres sont traînés vers Ponthière pour y être fusillés. Un prêtre vieux et infirme ne pouvant suivre, un soldat le transperce avec sa baïonnette et dit à l’un de ses camarades : « prends-en le bout » ; ils le portent jusqu’à ce que le malheureux ait rendu le dernier soupir. » 

 

Un charroyeur de cadavres, raconte un témoin, embrochait les victimes avec une fourche et les entassait dans sa charrette. Les Bleus sabrent sans répit : « J’ai vu des cadavres, écrit le représentant Benaben, sur le bord du chemin, une centaine qui étaient nus et entassés les uns sur les autres, à peu près comme des porcs qu’on aurait voulus saler… »

Vingt- sept vendéennes, avec leurs enfants, ramenées de Bonnétable en charrette, sont tuées, place des Jacobins, par les tricoteuses. « Voilà la plus belle journée que nous ayons eu depuis dix mois », s’exclame Prieux. » Extrait de la Vendée-Vengé de Reynald SECHER »

                

 

« Expérimenté, comme in vitro, en Vendée, le massacre humanitaire trouvera au XXè siècle ses champs de prédilection. On ne dira jamais assez le coût du mensonge officiel du voile posé sur l’infamie. » Pierre CHAUNU, de l’Institut.

 

« Une société d’athées pratiquerait les actions civiles et morales aussi bien que les pratiquent les autres sociétés, pourvu qu’elle attachât de l’infamie à certaines choses. » BAYLE

 

« Rien ne peut justifier les délires de la haine et leurs fruits pervers. Car la graine de la haine a fécondé le XXè siècle en flots de sang. » Reynald SECHER

 

« …ces grand esprits cosmopolites qui embrassent toute l’humanité dans l’élan de leur bienveillance… » J.-J. ROUSSEAU

 

« En inventant les camps de concentration pour les prêtres réfractaires (Rochefort), les camps d’extermination pour les Vendéens (Noirmoutier) et les tanneries de peaux humaines (Ponts-de-Cé), c’est au nom de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité que la République française a préfiguré la Shoah par le génocide du peuple vendéen et la haine de l’autre. »

Jean Marc YRONDE

 

« La démocratie est le sacrifice complet de l’individu à la chose publique, c'est-à-dire celui de l’être sensible à l’être abstrait. » Sieyès

 

« Aux religions révélées, Voltaire oppose la religion naturelle, inscrite au cœur de l’homme. Elle se résume dans le culte de la justice et la pratique de la bienfaisance. (…) Pas de bonheur individuel sans bonheur d’autrui. La sociabilité est un sentiment naturel, fortifié par l’habitude et cultivé par la raison. Le mot humanité commence à être employé couramment et à remplacer le mot chrétienté. » Louis ROUGIER

 

« La démocratie nourrit d’elle-même un penchant au terrorisme à l’égard de ses dissidents. Mais comme elle ne peut pas, sans manquer à son image, y recourir ouvertement, elle n’a cessé d’en affiner la pratique, et de la rendre moins voyante. Dans sa jeunesse, ses méthodes ont été grossières. Elle a cru que pour vaincre il fallait tuer, mais pour ne pas devenir simplement criminelle, elle a tenté d’ôter leur qualité d’homme à ses adversaires : en Vendée, la démocratie française a inventé le génocide sans avoir à prononcer le mot, car elle fit massacrer au nom de l’humanité non pas d’autres hommes, mais une sorte de vermine nuisible : les uniformes bleus n’habillaient pas des assassins, mais des dératiseurs ; et quand elle ne pouvait les animaliser, les adversaires de la démocratie étaient proclamés ceux du genre humain : c’est la même idée. » Claude POLIN  2007

"Vingt ans après, je me souviens d'avoir pris conscience de l'énormité du crime commis en Vendée en lisant le registre clandestin de l'abbé Pierre-Marie Robin (1748-1805), recteur de La Chapelle-Basse-Mer. Scrupuleusement, il avait enregistré, conformément au droit canon, tous les actes de la vie de ses paroissiens: baptême, mariage, sépulture. Ces actes décrivent méticuleusement les conditions et les circonstances des décès. La première fois, j'ai été tellement choqué qu'au bout de quelques pages, j'ai dû m'arrêter. Comment ne pas être bouleversé par le massacre de femmes, parfois enceintes, d'enfants, de vieillards... Comment rester insensible lorsque 421 massacres sur une population estimée à 3 200 personnes ont été enregistrés ? Mais, quand 770 communes sont concernées, on est acculé à se poser des questions de fond. On dit que l'histoire doit être traitée froidement -en l'occurrence, était-ce humainement possible ? Que l'on ne vienne pas me parler de tradition en matière d'horreur; en Vendée, l'impensable y a été fait (tanneries de peaux humaines, fonte des graisses...) ; l'inimaginable a été essayé ( mines antipersonnel, empoisonnement à grande échelle, gazage...). La Vendée a été un laboratoire grandeur nature, d'ailleurs conçu comme tel. Sans doute, l'objectivité en histoire est-elle difficile à atteindre, mais au-delà des préjugés, il reste les hommes et les faits que rien ni personne ne peut, ne doit justifier. Le professeur Jean Meyer, mon directeur de thèse, au début de ma recherche, m'avait dit de ne travailler que les textes, rien que les textes. C'est ce que j'ai fait et, pour comprendre la réalité locale, j'ai dû reconstituer la courroie de transmission afin de répondre aux questions de fond : qui ? Pourquoi ? Comment ? Personne à l'Université ne s'était jamais posé de telles questions. En pays de droit, la décision n'avait pu être prise qu'au plus haut niveau de l'Etat, c'est-à-dire par la Convention. Phénomène unique dans l'histoire et comble du paradoxe, la décision d'anéantir le territoire de la Vendée et d'exterminer sa population a bien été prise par les représentants du peuple souverain (lois des 1er Août et 1er Octobre 1793). Tout le reste n'est que planification et conséquence. C'est d'ailleurs si vrai que quelques contemporains s'en sont émus, tels l'avocat Villenave qui, à l'occasion du procès Carrier, s'interrogeait sur le terme idoine pour caractériser ce crime, à sa connaissance, unique en son genre.

En 1985, je ne m'expliquais pas pourquoi on voulait réduire le fait vendéen à un massacre, voire à une bavure. Je m'étonnais encore plus des propositions avancées pour acheter mon silence : argent, honneurs, poste à l'Université, au nom d'une pseudo-raison d'Etat. Il faut dire que nous étions à la veille du bicentenaire de la Révolution.

Comment pouvait-on imaginer que je puisse vendre mon âme ? Renier le fruit de mes recherches et la confiance de mes professeurs ? Comme je n'avais pas mordu aux appâts, calomnies et rumeurs leur ont succédé. Heureusement, j'avais été mis en garde par le professeur Pierre Chaunu, membre de mon jury, qui avait matérialisé son pressentiment par écrit à l'occasion de son rapport relatif à ma soutenance de thèse, le 21 Septembre 1985 : « Ce travail sera bientôt publié. Nul ne peut douter que le succès qu'il remportera vaudra à son auteur la haine tenace de ceux qui voient petit et pensent sur commande. C'est dire que la carrière de Reynald Secher dans l'enseignement supérieur, où il a sa place, sera, selon toute vraisemblance, efficacement entravée par ceux qui sont, comme chacun sait, orfèvres en la matière. » La suite des événements lui a malheureusement donné raison. Qu'importe !

Aujourd'hui, je sais qu'on tentait d'étouffer un double scandale : d'un génocide et d'un mémoricide, crime imprescriptible pour le premier et qui pour le second sera, à plus ou moins brève échéance, considéré comme crime contre l'humanité. Comment peut-on encore refuser à la Vendée la reconnaissance de ce génocide ? Comment peut-on imaginer que des criminels contre l'humanité comme Robespierre, Carnot aient donné leur nom à des collèges, à des lycées, à des rues; ou d'autres, comme Amey, Turreau... aient leur nom sur l'Arc de triomphe ? Comment peut-on accepter que l'histoire officielle, notamment celle enseignée aux élèves, fasse des bourreaux des « saints laïcs » et des victimes des brigands, des traîtres à la patrie ? Cette inversion tenace des faits n'est pas seulement intolérable, elle justifie, à mon sens, que ce livre continue d'être lu et discuté".Reynald Secher 29 mai 2006

« Le sang, même des coupables, souille éternellement les Révolutions. » Olympe de GOUGES, auteurs de la « Déclaration des Droits de la Femme et de la citoyenne », guillotinée en 1793

 

« Le public, sur la Révolution, a son  parti pris, son opinion est faite. Cette opinion a commencé à se former en 1825 et 1830 après la retraite ou la mort des témoins oculaires : eux disparus, on a pu persuader le bon public que les crocodiles étaient des philanthropes, que plusieurs d’entre eux avaient eu du génie, qu’ils n’ont guère mangé que des coupables et que si parfois ils en ont trop mangé, c’est à leur insu, malgré eux ou par dévouement, sacrifice d’eux-mêmes au bien commun. » TAINE

 

« La liberté, l’égalité, la fraternité appartiennent désormais à un seul camp, qui peut en leur nom terroriser, spolier, assassiner avec une parfaite bonne foi. Mais non sans risque : quand les mots eux-mêmes sont falsifiés, le réel se dérobe et l’âme se corrompt. » Alain GERARD 1999

 

« Pourquoi le mot « génocide » s’applique-il en effet à la Vendée ? Pourquoi est-ce même le seul mot qui soit approprié ? Parce que le traitement réservé par la Révolution aux Vendéens correspond exactement à la définition de ce mot qui a été donnée par le tribunal de Nuremberg. Qu’entend-on par crime de génocide ? C’est le crime contre l’humanité qui consiste dans « la conception, la réalisation, ou la complicité dans « l’extermination partielle ou totale d’un groupe humain de type ethnique, racial ou religieux. » Y eut-il de la part de la Convention la volonté d’exterminer les Vendéens ? A l’évidence oui, puisqu’elle vota la loi d’extermination. Il y a donc bien crime de génocide. Ce génocide connut-il une réalisation partielle ? Oui. Est-ce que les Vendéens constituent un groupe humain ? Oui. De type ethnique ? Sûrement pas. Racial ? Non plus. Religieux ? Sans aucun doute, puisque c’est au nom de leur foi qu’ils ont pris les armes et qu’ils ont été exterminés.

 

Est-ce qu’on a le droit d’utiliser rétroactivement le mot de génocide ? Oui, indiscutablement, d’autant plus qu’il date du XVIIIè siècle : les ministres français l’utilisaient pour dénoncer les excès des Anglais commis sur les Canadiens. Enfin, tout cela est-il bien vrai ? On n’est jamais mieux trahi que par ses amis : lisez Gracchus Babeuf. Tout y est. » Ivan GOBRY 1993 in L’envers des Droits de l’homme

 

« Les lois éthiques doivent l’emporter sur toutes les autres lois, qu’elles soient divines ou humaines, et elles existeraient même si ces dernières n’avaient jamais été promulguées. » (Sic !)

La CHATOLAIS in Essai sur l’éducation nationale (1763)

 

« La terreur a fabriqué toujours davantage de coupables, et sa victoire principale pourrait bien être la disparition de la notion même d’innocence. » Alain GERARD

 

« Tout est exécrable dans ce malheureux pays, et cette race doit être anéantie jusqu’au dernier. » GARNIER de SAINTES

 

« On ne le dira jamais assez : c’est sur une Vendée vaincue que se déchaînent les colonnes infernales, et c’est après leur victoire aux frontières que les extrémistes déclenchent la Grande Terreur. » Alain GERARD

 

« Les montagnards transforment délibérément ce qui au départ n’était qu’une révolte en la figure par excellence de la contre-révolution : contraignant le pouvoir à l’intransigeance, ils créent en Vendée, par le décret du 19 mars, une guerre civile destinée à enliser les Girondins. Et le piège fonctionne : dédaigneux de donner raison à leurs adversaires, ces derniers laissent se développer l’insurrection, puis doivent mobiliser contre elle les villes qui leur sont favorables, les fédérés venus à Paris pour les protéger, et jusqu’à la garde  d’honneur de la Convention. De leur côté, les Montagnards mobilisent leurs milices, tout en se gardant bien de les faire partir. Le résultat est connu : le coup d’Etat du 2 juin laisse le champ libre à Robespierre. » Alain GERARD

 

« Qu’on place la Terreur à l’ordre du jour. C’est le seul moyen de donner l’éveil au peuple et de le forcer à se sauver lui-même. » ROYER le 30 août

 

« Le ressort du gouvernement populaire en révolution est à la fois la vertu et la terreur ; la vertu, sans laquelle la terreur est funeste ; la terreur, sans laquelle la vertu est impuissante. (…) La terreur n’est autre qu’une forme de la démocratie, imposée par les circonstances. (…) Le gouvernement de la Révolution est le despotisme de la liberté contre la tyrannie. » ROBESPIERRE

 

« …les vertus et les bonheurs d’un peuple ne dérivent pas de la sainteté de sa religion, mais de la sagesse de ses lois. » HELVETIUS, in De l’Esprit

 

« Si désormais nous savons que cette guerre a tué entre 140 000 et 190 000 vendéens, en revanche il sera encore à l’occasion loisible de déclarer que le partage entre les victimes de combats et celles des tueries du début de 1794 est à tout jamais impossible. » Alain GERARD

 

« Les supplices de tous genres (…), les bourreaux multipliés partout, nous ont fait de si mauvaises mœurs ! Les maîtres, au lieu de nous policer, nous ont rendu barbares. » Gracchus BABEUF

 

« A Lyon comme à Nantes, en Vendée comme à Paris, ceux-là même qui faisaient effacer des milliers, des dizaines de milliers de vies, ne parlaient pas le langage de la haine. Consumés d’amour pour l’humanité, ils ne voulaient que son bonheur. A n’importe quel prix. » Alain GERARD

 

« Après Lyon et encore plus nettement, Nantes devient le banc d’essai de la Révolution totale, et ce qui se passe ensuite en Vendée même prouve qu’il n e s’agit pas d’une tragique exception, mais bien du dévoilement de l’essence d’un phénomène jusqu’alors inédit dans les annales de l’humanité. » Alain GERARD

 

« A Savenay d’une armée de 80 000 hommes dotée d’une artillerie formidable, exagère Westermann, plus rien n’existe. « Chefs, officiers, soldats, évêques, comtesses, princesses et marquises, tout à péri dans le fer, les flammes et les flots ; cet exemple effrayant est unique dans l’histoire. »

 

« Le 15 janvier, après avoir pris connaissance du triomphe de Westermann à la Convention huit jours auparavant, Turreau insiste encore auprès du ministre sur le fait qu’il va « entièrement purger » la Vendée « des brigands qui l’infestaient », et qu’il faudra ensuite « repeupler le pays dévasté ». Alain GERARD

 

« La Révolution le leur impose jusqu’au cœur de leurs intimes convictions : pour que vive la liberté, eux aussi doivent mourir. » Alain GERARD

 

« Oui, il fallait détruire ce qui pouvait servir de repaire aux brigands, et alors la propriété du patriote ne devait pas être plus respectée que celle du contre-révolutionnaire ; mais il ne fallait pas porter le fer, la flamme, la famine, le viol partout indistinctement ; il ne fallait pas consumer en pure perte ce qui pouvait servir à alimenter les armées républicaines. » Laignelot à l’adresse du Comité de salut public

 

« Westermann s’adresse aux représentants  de la Convention pour leur demander s’il doit également exécuter les femmes et les enfants. C’est donc clair : il s’agit réellement d’exterminer une population. » Alain GERARD

 

« Demain, douze colonnes se mettront en mouvement simultanément. Leur direction est d’est à l’ouest. Chaque chef de colonne à ordre de fouiller et de brûler les forêts, villages, bourgs et métairies. » TURREAU à son ministre le 19 janvier

 

« Mieux vaudrait envoyer en Vendée des prédicateurs patriotiques, sinon ce pays ne vous donnera de repos que quand vous aurez détruit presque tous les habitants. »  Lequinio au Comité de salut public

 

« Tous les brigands qui seront trouvés les armes à la main, ou convaincus de les avoir prises pour se révolter contre leur patrie, seront passés au fil de la baïonnette. On en agira de même avec les filles, femmes et enfants qui seront dans ce cas. Les personnes seulement suspectes ne seront pas épargnées. » TURREAU

 

« C’est la découverte fortuite d’une lettre de l’un des massacreurs qui est récemment venue rappeler la tuerie de plusieurs centaines de personnes, la nuit de noël 1793, en l’église de Vieux-Pouzanges. » Alain GERARD

 

« Même s’il est difficile de l’admettre, la démocratie pure mène volontiers à la barbarie. » Alain GERARD

 

« Commencée dans la vertu, la Terreur extrême ne tarde pas à se perdre dans la crapule. » Alain GERARD

 

« Nous serons humains quand nous serons assurés d’être vainqueurs. » Hérault de Séchelles

 

« … que peuvent imaginer le paysan qui voit flamber sa métairie, le tisserand dont le métier est irrémédiablement brisé, la mère qui, dans sa fuite éperdue, lâche une petite main ? La Révolution les broie, et ils ne savent pas, les ingrats, que c’est pour le bonheur du peuple. » Alain GERARD

 

« Oui, nous osons l’avouer, nous faisons répandre beaucoup de sang impur, mais c’est par humanité, par devoir. » et « l’arbre de la Liberté ne peut porter des fruits qu’arrosé du sang de tous ses ennemis » dixit les représentants de la Convention à Lyon    in : Par mesure humanitaire … La Terreur et la Vendée d’Alain GERARD

 

« L’avènement de la modernité politique, dans la France de la fin du XVIIIème siècle, se double du massacre gratuit et délibéré d’un groupe humain qui, avant que de prendre conscience de lui-même, a d’abord été défini par l’Etat qui préside à son extermination. » Alain GERARD

 

« Il faut se dévouer aux haines, aux vengeances longues, héréditaires, éternelles, lorsqu’on accepte de pareilles missions. » COLLOT D’HERBOIS

 

« La Révolution, ils le savent mais ne sauraient se l’entendre dire, n’a plus d’autre légitimité que dans leurs discours, dans le soutien de leurs milices armées, et dans la résignation de presque tout le reste de la population. En se dressant ne fût-ce qu’un instant, contre les Montagnards, les élites nantaises ont dévoilé leur nature foncièrement contre-révolutionnaire. Et leur proximité avec une Vendée qu’elles n’ont pas su vaincre a achevé de démontrer cette collusion. L’une et l’autre sont, dans l’esprit des maximalistes, devenues un seul et même lieu : celui de l’échec de la Révolution. Elles doivent donc être entièrement régénérées. » Alain GERARD  1999

 

« Les massacrés étaient des ennemis politiques, et la clémence qui leur pardonne est barbare, c’est un crime contre l’humanité. »  ROBESPIERRE

 

« Les individus ne sont rien pour moi, ma chère République et son salut, voilà l’objet perpétuel de mes soins. »  et CARRIER de préconiser encore au Comité d’établir « le despotisme de la liberté » (sic !)

 

« Plus question de juger, quand, pour gommer la preuve de sa propre imposture, on n’a plus d’autre choix que de massacrer le peuple. Cette piste qui s’ouvre devant nous est notamment susceptible de rendre compte de l’extermination des Vendéens, après leur défaite. Dans une guerre classique, les objectifs sont politiques et militaires, et à relativement court terme la défaite de l’un arrête le bras de l’autre. Mais lorsque l’idéologie est au pouvoir, la victoire ne constitue pas une fin, mais un moyen, celui de supprimer la preuve du mensonge de l’idéologie. Il n’y a plus face à face que des bourreaux et des victimes. Et quand celles-ci ont péri, les tueurs n’arrêtent pas pour autant leur besogne. Témoins les uns les autres de leur construction mensongère, ils se suspectent et cherchent réciproquement leur élimination. Et au bout du compte il ne reste plus qu’un système, un jour ou l’autre forcé de s’arrêter faute de chaire humaine.(…) L’idéologie permet la Terreur. Et en retour la Terreur protège l’idéologie contre les démentis du réel.» Alain GERARD   1999 in Par principe humanitaire … La Terreur et la Vendée

 

« L’histoire, paraît-il, ne se renouvelle pas. J’aimerais le croire, mais malheureusement, si les formes évoluent dans le temps, le fond reste dramatiquement identique : mêmes pulsions

animales comme si l’homme ne pouvait s’échapper d’un tourbillon qui l’entraîne inexorablement dans une valse effrénée et tristement répétitive.

 

En 1793, la France montagnarde programmait officiellement l’extermination de la population de la Vendée militaire, évaluée grosso modo à huit cent quinze mille membres, et l’anéantissement de ses biens. En 1941, l’Allemagne nationale-socialiste décidait de la même politique vis-à-vis des Juifs résidant sur son propre territoire et sur ceux occupés, soit environ douze millions de personnes.

 

Deux histoires apparemment lointaines qui, selon certains, n’ont rien à voir. Rien de plus faux, comme nous le démontrerons : les logiques sont les mêmes, les systèmes qui les ont engendrées identiques, les moyens employés ou énoncés, similaires. » Reynald SECHER

 

LOI DU 20 AVRIL 1793 :

 

« La Convention déclare qu’appuyée sur les vertus du peuple français, elle fera triompher la République démocratique et punira sans pitié ses ennemis. »

 

LOIS DU PREMIER AOUT 1793 :

 

Article VI : « Il sera envoyé par le ministère de la Guerre des matières combustibles de toute espèce pour incendier les bois, les taillis et les genêts.

 

Article VI : « les forêts seront abattues, les repaires des rebelles seront détruits, les récoltes seront saccagées par les compagnies d’ouvriers pour être portées sur les derrières de l’armée et les bestiaux seront saisis.

 

Article XIV : « Les biens des rebelles de la Vendée sont déclarés appartenir à la République : il en sera distrait une portion pour indemniser les citoyens qui sont demeurés fidèles, à la partie des pertes qu’ils auraient soufferts.

 

DECRETS DU PREMIER OCTOBRE 1793 :

 

« La Convention nationale compte sur le courage de l’Armée de l’Ouest et des généraux qui la commandent pour terminer d’ici le 20 octobre l’exécrable guerre de la Vendée. La reconnaissance nationale attend l’époque du 1er novembre pour décerner des honneurs et des récompenses aux armées et aux généraux qui, dans cette campagne, auront exterminé les brigands. »

 

« Soldats de la Liberté, il faut que tous les brigands de la Vendée soient exterminés avant la fin du mois d’octobre. Le salut de la patrie l’exige, l’impatience du peuple français le commande, son courage doit l’accomplir ; la reconnaissance nationale attend à cette époque tous ceux dont la valeur et le patriotisme auront affermi sans retour la liberté et la république. »

 

 

 

« L’extermination une fois programmée, reste à la mettre en œuvre. C’est là que tout se complique. Car l’idée, grandiose paraît-il, d’éliminer radicalement et quasi instantanément les ennemis de la liberté, c'est-à-dire tous ceux qui contrarient bêtement l’avènement sur terre du paradis de l’unique et de l’indifférencié, peine à se traduire dans les faits. L’idéologie, en somme, se heurte au réel avec lequel (sans doute parce qu’en cette fin du XVIIIè siècle les moyens de destruction demeurent passablement archaïques), elle va devoir composer, c'est-à-dire peut-être, nous le verrons plus loin, laisser se produire en son sein de minuscules fêlures qui annoncent sa proche désintégration. En attendant, elle hache la chair humaine, et il faut bien en rendre compte, même si le parti a ici été pris de ne pas s’y étendre jusqu’à la nausée, seulement d’en retracer les grands traits, dans le but de comprendre plutôt que d’en dresser l’effrayant martyrologue. » Alain GERARD

 

 

 

« Le génocide s’inscrit dans une logique incontestée. Dès le 1er octobre 1793, la Convention le proclame solennellement à l’armée de l’Ouest : « Soldats de la Liberté, il faut que les brigands de la Vendée soient exterminés ; le soldat de la patrie l’exige, l’impatience du peuple français le commande, son courage doit l’accomplir. » Dès lors, la mission terroriste passe avant les opérations militaires : « dépeupler la Vendée » (Francastel, 4 Janvier 1794) ; « purger entièrement le sol de la liberté de cette race maudite » (général Beaufort, 30 Janvier 1794) ; « exécrable », dira Minier. Carrier se défend du moindre sentiment magnanime : « Qu’on ne vienne donc pas nous parler d’humanité envers ces féroces Vendéens ; ils seront tous exterminés ; les mesures adoptées nous assurent un prompt retour à la tranquillité dans ce pays ; mais il ne faut pas laisser un seul rebelle, car leur repentir ne sera jamais sincère ». (…) Le principe admis à tous les niveaux, l’application suit sans aucune compromission possible : « point de grâce aux conspirateurs (...) coupables de forfaiture à l’encontre de la République. ». Femmes et enfants sont condamnées avec circonstances aggravantes : les premières, en tant que sillon reproducteur, sont « toutes des monstres », les seconds sont aussi dangereux car brigands ou en passe de le devenir. (…)

des témoignages hallucinants nous sont parvenus, tel celui de Le Bouvier des Mortiers recueilli au Luc (Vendée), au village de La Nouette :

« Une femme, pressée par les douleurs de l’accouchement, était cachée dans une masure près de ce village ; des soldats la trouvèrent, lui coupèrent la langue, lui fendirent le ventre, en enlevèrent l’enfant à la pointe des baïonnettes. On entendait d’un quart de lieue les  hurlements de cette malheureuse femme qui était expirante quand on arriva pour la secourir. » Reynald SECHER

 

« Des quelques 80 000 vendéens de la Virée de Galerne, hommes, femmes et enfants confondus, décimés par la faim et la maladie, écrasés les 12 et 13 décembre au Mans et finalement exterminés le 23 dans les marais de Savenay, on comptera peut-être 5 000 rescapés, qui parviendront à se dissimuler avant de repasser la Loire. Dès lors, la Vendée, ainsi écrasée, saignée, ne saurait plus constituer un quelconque danger. Le général Turreau n’y lance pas moins, au début de 1794, ses fameuses colonnes infernales, avec pour mission de tout brûler et d’égorger le reste de la population. » Alain GERARD 1999

 

« Ainsi, donc, le temps n’est plus à se demander quel sort réserver aux Vendéens, du moins à ceux d’entre eux qui ont passé la Loire, et qui sont désormais tous promis à l’extermination. « La défaite des brigands, poursuite Carrier, est si complète que nos postes les tuent, prennent et amènent à Nantes par centaines. La guillotine ne peut plus suffire, j’ai pris le parti de les faire fusiller. Ils se rendent ici et à Angers par centaines ; j’assure à ceux-ci le même sort qu’aux autres. J’invite mon collègue Francastel à ne pas s’écarter de cette salutaire et expéditive méthode. » Et c’est là que Carrier lance sa terrible sentence : « C’est par principe d’humanité que je purge la terre de la liberté de ces monstres. » Alain GERARD  1999 in   Par principe d’humanité… La Terreur et la Vendée

 

« « S’il faut, insiste Turreau, les passer tous au fil de l’épée, je ne puis exécuter une pareille mesure sans un arrêté qui mette à couvert ma responsabilité. » Pas de réponse. C’est alors qu’il commence ce qu’il appelle sa « promenade militaire ». A la date du 19 décembre, il n’a pas arrêté de plan. Moins d’un mois plus tard, il est décidé à exterminer la population vendéenne, et le mutisme des représentants ne l’empêchera pas de perpétrer ce forfait. » Alain GERARD

 

« Il ne faut admettre que les révolutionnaires, des patriotes ayant le courage de boire un verre de sang humain. »  GOULLIN

 

« Nous croyons que quand on agit pour le peuple, rien ne peut être mal, erreur ou crime. » BACHELIER

 

« Ce n’est plus aujourd’hui qu’il faut se parer d’une vaine pitié, ce n’est plus le  temps de faire grâce ; il faut que nous périssions ou que nous exterminions nos ennemis. » BARERE

 

« La contrée qu’ils ont souillée de tant de crimes, devenue un vaste désert, attestera à tous les contre-révolutionnaires qu’on ne tente pas en vain  de replonger le peuple français sous la verge des tyrans. » RICHARD et SOULDIEU

 

« Nous ne laisserons aucun corps hétérogène dans la république. »  GARNIER DE SAINTES

 

« La guerre ne sera complètement terminée que quand il n’y aura plus un habitant dans la Vendée. » Représentants de la Convention Henz, Garrau et Francastel

 

« Il convient de faire de la Vendée un grand cimetière national, afin de purger entièrement le sol de la liberté de cette race maudite. »   Général TURREAU

 

« Je n’ai point fait de prisonniers. Les soldats de la liberté étaient trop indignés par l’audace de cette horde d’esclaves qui ont osé les déranger de leur dîner. »  Général MIESKOWSKI

 

« Le comité a pris des mesures qui tendent à exterminer cette race rebelle des vendéens. » BARERE

 

« Cet holocauste s’accompagne de la ruine totale du pays : « Il s’agit, pour Barrère, de balayer avec le canon le sol de la Vendée et le purifier avec le feu », « patriotique », ironise Lequinio. Ces représailles ne correspondent donc pas à des actes affreux mais inévitables qui surviennent dans l’acharnement des combats d’une guerre longue et atroce mais bien à des massacres prémédités, organisés, planifiés, commis de sang-froid, massifs et systématiques avec la volonté consciente et proclamée de détruire une région bien délimitée, et exterminer tout un peuple, femmes et enfants de préférence afin d’extirper une « race maudite » (sic) jugée idéologiquement irrécupérable : « La guerre, se répètent à dire Henz et Francastel, ne finira que quand il n’y aura plus un habitant sur cette terre malheureuse ». Bourbotte et Turreau, avec orgueil et une joie non dissimulée en fon eux-mêmes le procès-verbal des opérations : « On ferait beaucoup de chemin dans ces contrées avant de rencontrer  un homme ou une chaumière. Nous n’avons laissé derrière nous que des cadavres et des ruines » ; Il s’agissait « de tout sacrifier à la vengeance nationale ». Reynald SECHER

 

« Le département qui a trop longtemps porté l’effroyable et perfide nom de Vendée, n’est en ce

moment qu’un monceau de cendres et un vaste désert. » BARERE  le 5 novembre 1793

 

« Il n’y a plus de Vendée ! Citoyens républicains, elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l’enterrer dans les marais de Savenay, suivant les ordres que vous m’avez donnés. J’ai écrasé les enfants sous les pieds de mes chevaux, massacré les femmes qui au moins pour celles là, n’enfanteront plus de brigands. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher. J’ai tout exterminé… Les routes sont semées de cadavres. Il y en a tant que sur plusieurs points, ils font des pyramides. » Général François WESTERMANN

 

Par décret du 2 août 1793, la Convention a ordonné la destruction systématique et l’incendie de tout le pays, récoltes comprises, en même temps que la mise à mort des rebelles.    (Liberté, Egalité, Fraternité, Droits de l’Homme …)

 

Décret du 1er novembre 1793, sur rapport de Barère : « Toute ville qui recevra dans son sein des brigands ou qui ne les aura pas repoussés avec tous les moyens dont elle est capable, sera punie comme une ville rebelle, et en conséquence elle sera rasée. »

 

« Avant que de s’enfoncer dans l’inconnu, avant le grand massacre, avant la guérilla et son cortège d’atrocités réciproques, la Vendée, en un ultime sursaut, délivre encore un de ces messages qui, nés de l’imperfection d’une cause humaine, la débordent et la transcendent. Parvenus à Saint-Florent le Vieil, au bord du fleuve, les Vendéens s’avisent qu’ils traînent encore cinq mille prisonniers, dont ils ne peuvent s’encombrer outre-Loire. A mort ! vocifère l’armée vaincue. Depuis sont lit d’agonisant, Bonchamps entend ce cri, et bientôt en retentit un autre : « Grâce, grâce aux prisonniers, Bonchamps le veut, Bonchamps l’ordonne. » Alors la douleur, l’angoisse et le ressentiment laissent place au geste qui réinvente le christianisme : le pardon, l’amour offert à l’offenseur, qui, même s’il n’est pas accepté, préserve l’offensé du poison de la haine.

 

Le lendemain, le représentant Merlin de Thionville tire de l’épisode, à l’usage du Comité de Salut Public, des enseignements qui en disent long sur la philosophie en vigueur parmi les sphères du pouvoir. « Ces lâches ennemis de la nation, écrit-il, ont, à ce qui se dit ici, épargné plus de quatre mille des nôtres qu’ils tenaient prisonniers. Le fait est vrai, car je le tiens de la bouche même de plusieurs d’entre eux. Quelques-uns se laissaient toucher par ce trait d’incroyable hypocrisie. Je les ai pérorés, et ils ont bien compris qu’ils ne devaient aucune reconnaissance aux brigands.  Mais comme la nation n’est pas encore à la hauteur de nos sentiments patriotiques, vous agirez sagement en ne soufflant pas un mot sur une pareille indignité. Des hommes libres acceptant la vie de la main des esclaves ! Ce n’est pas révolutionnaire. Il faut donc ensevelir dans l’oubli cette malheureuse action. N’en parlez pas même à la Convention. Les brigands n’ont pas le temps de faire des journaux. Cela s’oubliera comme tant d’autres. » Alain GERARD 1999 Par Principe d’humanité… La Terreur et la Vendée

 

« Le Comité de salut public enjoint aux comités révolutionnaires, le 4 décembre 1793, de se débarrasser d’éventuels états d’âme pour n’être plus que des instruments. « L’action qui part du sein de la Convention, explique-t-il, vient aboutir à vous ; vous êtes comme les mains du corps politique dont elle est la tête et dont nous sommes les yeux ; c’est par vous que la volonté nationale frappe aussitôt qu’elle a décidé. Vous êtes les leviers qu’elle meut pour broyer les résistances. Vous êtes alors comme ces instruments redoutables et guerriers qui, placés en avant par le général, n’attendent, pour lancer la terreur et la mort, que la commutation électrique de la flamme. On comprend mieux de la sorte comment des hommes assez ordinaires ont pu, sans cruauté, commettre l’ignoble. » Alain GERARD

 

« Pour s’être dressés contre la Révolution, les Vendéens se sont exclus du souverain, et leur mort violente ne vient que sanctionner leur mort civile. « L’ « humanité », ajoute le Comité, consiste à sauver le peuple. Depuis quelque temps déjà, le mot fait florès. Ainsi Fouché, un citoyen que tout le monde s’accorde à trouver poli, doux et de commerce agréable, s’apprête-t-il à mitrailler les Lyonnais. « Que la foudre éclate par humanité, s’écrie-t-il, ayons le courage de marcher sur des cadavres pour parvenir à la liberté ». Plus tard, avec ses collègues Albitte et Laporte, il souligne encore sa compassion. « Oui, nous osons l’avouer, nous faisons répandre beaucoup de sang impur, mais c’est par humanité, par devoir ». A la même époque dans l’Ouest, un autre représentant, Laplanche, ne dit pas autre chose : « C’est par principe d’humanité, que je purge la terre de la liberté de ces monstres » (…) Pas d’hésitation : quand on ne compte pas soi-même, comment les autres pourraient-il compter ? Celui qui lui-même se sacrifie pour la Cause n’est-il pas habilité à lui sacrifier la vie d’autrui ? » Alain GERARD

 

« Dans une proclamation aux armées, Robespierre, Hérault, Carnot et Billaud-Varenne félicitent les soldats qui ont exterminé ces « cohortes sacrilèges ». « Cette terre coupable, ajoutent-ils, a dévoré elle-même les monstres qu’elle a produit ; le reste va tomber sous la hache populaire. » Enfin, aux troupes qui assiègent Toulon ou combattent sur les frontières, ils entendent insuffler une nouvelle ardeur, afin « que le peuple français soit vengé » et qu’avant un mois « les tyrans et les esclaves disparaissent de la terre, qu’il n’y reste plus que la justice, le bonheur et la vertu. » Alain GERARD  1999 Par principe d’humanité ... La Terreur et la Vendée

 

« Tous multiplient les rapport afin de se couvrir, afin que le Comité de salut public ne puisse pas ensuite leur faire porter l’entière responsabilité de tels actes. De sorte qu’on n’en finirait pas de citer les récits d’atrocités qui lui sont complaisamment rapportés par des représentants, lesquels par ailleurs se targuent d’œuvrer pour le bonheur de l’humanité. Ainsi le système produit-il lui-même les preuves de son ignominie, et on ne peut que s’étonner de la myopie, pour ne pas dire plus, de tant d’historiens de la Révolution, qui n’ont pas pu ignorer de tels textes, mais qui les ont délibérément passés sous silence. » Alain GERARD 1999 Par principe d’humanité… La Terreur et la Vendée

 

« Nos soldats se battraient avec plus de courage si l’on faisait des prisonniers, comme les Vendéens eux-mêmes le demandent, car malgré que nous fusillions tout ce qui tombe sous notre main, prisonniers, blessés, malades aux hôpitaux, ils nous ont renvoyé de nos malades que nous avions été forcés de laisser derrière nous. »  Adjudant-général ROUYER     Par principe d’humanité… La Terreur et la Vendée » de Alain Gérard 1999

 

« Prieur de la Marne, le 27 novembre, propose au comité d’achever d’enlever toutes les subsistances et de détruire le reste des habitants, afin que ceux qui d’aventure parviendraient à y revenir « ne trouvent dans ce pays que des ruines, la famine et la mort ». Alain GERARD 1999

 

Consignes du général Turreau qui commande les « colonnes infernales : « Tous les brigands qui seront trouvés les armes à la main seront passés au fil de la baïonnette. On agira de même avec les filles, femmes et enfants qui seront dans ce cas. Les personnes  seulement suspectes ne seront pas épargnées. Tous les villages, métairies, bois, genêts et généralement tout ce qui peut être brûlé sera livré aux flammes. Je le répète, je regarde comme indispensable de brûler villes, villages et métairies ; avec leurs habitants, s’il se peut. »

 

Rapport du commandant de la deuxième colonne au général Turreau : « Je continue de brûler et de tuer toux ceux qui ont portés les armes contre nous. Cela va bien, nous en tuons plus de cent par jour, enfin tous ceux que nous croyons nos ennemis. »

 

Lettre du représentant Francastel au Comité de Salut Public : « Le fer et la flamme n’ont pas encore été assez employés dans ce maudit pays. »

 

Lettre du représentant Garnier au Comité de  Salut Public : « On m’assure que l’armée de Brest leur a tué trois mille femmes. Elles jetaient leurs enfants dans la rivière du Pont-aux-baux, et tout le pays dans les environs est jonché de morts. Cependant on les trouve encore partout comme des nuées de sauterelles, et on serait presque tenté de croire qu’elles ressuscitent, si leurs cadavres empestiférés ne justifiaient le contraire. »

 

Lettre du commandant Périguaud à Turreau : « Pères, mères, enfants, tout a été détruit. »

 

« L’exécution de mon plan général pour la destruction entière de la Vendée ne me permet pas d’avoir égard à aucune considération particulière. » TURREAU courrier du 22 Janvier à l’administration du district de Clisson.

 

Ordre de Grignon à ses troupes : « Je sais qu’il peut y avoir quelques patriotes dans ce pays, mais c’est égal, nous devons tout sacrifier. »

 

Rapport de Duquesnoy : « J’ai brûlé et incendié toutes les maisons et égorgé tous les habitants que j’y ai trouvés. »

 

Rapport de Cordelier : « J’ai fait passer derrière la haie (pour exécution à coups de baïonnette) environ six cents particuliers des deux sexes. »

 

« Vihiers est une petite ville, la moitié brûlée. Nous avons brûlé tous les villages en y allant depuis Doué jusqu’à Vihiers, où nous avons arrivés à minuit bien fatigués. Chacun s’est logé. Comme il y a peu, nous avons fait ribote toute la nuit. Nous avions apporté de quoi bouffer. Le vin était pour rien dans l’auberge. La cuisson de même. » Elie EYQUARD, volontaire de la Gironde, le 20 janvier 1794

 

« Le fer et la flamme furent successivement employés, et bientôt l’atmosphère fut couverte des nuages épais d’une fumée dévastatrice. » écrit Beaudesson, agent en chef des subsistances militaires. Pour des raisons de service, il est également souvent présent aux interrogatoires à Cholet, où siège l’état-major. Les anciens insurgés, remarque-t-il, déclarent avoir agi sous la contrainte, et beaucoup disent d’être rendus dans l’espoir du pardon. Plus d’un, d’ailleurs, comparaît « avec cet œil serein et tranquille qu’inspire l’innocence ». Quant aux femmes, pour sauver leurs maris et leurs enfants, elles prennent volontiers sur elles des fautes dont à l’évidence elles ne sont pas coupables. Qu’à cela ne tienne, après ces simulacres d’interrogatoires, sur les ordres « verbaux de l’état-major », on ordonne «  de l’œil de fusiller les prévenus », les rassurant toutefois en leur faisant croire qu’il vont être conduits « à l’hôpital » ou « à l’ambulance ». Tout le pays, conclu-il, était jonché de cadavres. » Alain GERARD

 

Au Mans, en décembre 1793, on fusille par feux de peloton, on écrase les enfants, on viole les femmes. Dans un délire de sadisme, on introduit dans le corps des victimes des cartouches auxquelles on met le feu. On embroche avec des fourches des femmes encore vivantes. Westermann, le lendemain, organise une battue pour sabrer les rescapés.

 

A Nantes, où ont été entassés les prisonniers faits à Savenay, le conventionnel Jean-Baptiste Carrier commence par fusiller par groupes de cent ou deux cents. Cette méthode lui semble trop peu expéditive, et l’entassement des cadavres propagent des épidémies. Pourquoi ne pas charger la Loire du soin de débarrasser la République de ceux qui refusent ses bienfaits ? Il fait couler dans le fleuve une gabarre sur laquelle quatre-vingt-dix prêtres ont été entassés. Ce n’est qu’un premier essai. La technique des noyades est mise au point : chaque nuit, dans les prisons, on prélève cent ou deux cents détenus, on les jette dans les bateaux à fond de cale, et sabords et ponts dûment cloués, on fait couler bas les embarcations. Carrier appelle ces baignades des  «  déportations verticales  ». Si des hommes et des femmes périssent de la sorte, ligotés ensemble, il en fait des « mariages républicains ». Après ces exploits, la Loire, promue au rang de « baignoire nationale », charrie des corps dont se repaissent les poissons et les corbeaux : le chargé de mission de la Convention peut se targuer d’avoir noyé quatre ou cinq mille hommes, femmes et enfants. Mais il se vante et il en rajoute : en six noyades, des calculs plus modérés portent sur 1 800 victimes, dont peut-être 800 pour la baignade la plus réussie. Et il se peut que les « mariages républicains » relèvent de la propagande révolutionnaire.

 

Rapport des représentants Hentz et Francastel : « Vous pouvez être assurés que la Vendée est un désert et qu’elle ne contient pas 12 000 personnes vivantes. »

 

« Nous ferons de la France un cimetière plutôt que de ne pas la régénérer à notre façon. »  CARRIER

 

« C’est par principe d’humanité que je purge la terre de la Liberté de ces monstres. » CARRIER

 

« Je fais tous mes efforts pour détruire tout ce qui attente à la liberté, mais il y a encore des hommes humains, et en révolution, c’est un défaut selon moi. » Général ROSSIGNOL in «  Par principe d’humanité …. Alain Gérard 1999

 

« En faisant évanouir ces générations entières pour le bonheur de la patrie, écrit Turreau, rien ne pourrait faire tolérer des mesures barbares, inhumaines et scélérates, exercées sur un seul individu. Il faudrait accompagner encore de compassion et de pitié cette exécution terrible, mais nécessaire à l’affermissement de la République, et ne pas accroître le malheur de s’y trouver réduit par la souillure des remords ». En somme, Turreau n’a pas trop massacré : il n’a pas assez aimé. Il n’a pas été le digne instrument du massacre humanitaire. » Alain GERARD 

 

« J’ai écrasé les enfants sous les pieds des chevaux, massacré des femmes qui, au moins pour celles-là, n’enfanteront plus de brigands (…). Nous ne faisons pas de prisonniers, il faudrait leur donner le pain de la liberté, et la pitié n’est pas révolutionnaire. » Général WESTERMANN au Comité de Salut Public

 

 

«  Refaisons l’addition des pertes dues à la Révolution, et à l’Empire : 400 000 morts pour les guerres jusqu’en 1800 ;  un million pour les guerres napoléoniennes ; 600 000  pour les guerres intestines ; et l’échafaud pour mémoire. Voilà nos deux millions de morts. »   René SEDILLOT

 

« Il faut étouffer les ennemis intérieurs de la République ou périr avec elle ; or, dans cette situation la première maxime de votre politique doit être qu’on conduit le peuple par la raison et les ennemis du peuple par la terreur (…) Cette terreur n’est autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible. » ROBESPIERRE

 

« Ce qui constitue une république, c’est la destruction totale de tout ce qui lui est opposé. » SAINT JUST

 

« Il faut sauver les valeurs de la République. » Jacques CHIRAC  élections présidentielles 2002

 

« Si mes intentions sont bien secondées, il n’existera plus dans la Vendée, sous quinze jours, ni maisons, ni subsistances, ni armes, ni habitants que ceux qui, cachés dans le fond des forêts, auront échappé aux plus scrupuleuses perquisitions. » TURREAU

 

« Un volontaire confessera avoir vu massacrer sept femmes, dont l’une fut transpercée du même coup que le nourrisson qu’elle tenait dans ses bras. Cette action, insiste-t-il fut applaudie par son commandant. Entre Aizenay et Venansault, le gendarme Charrier a pour sa part compté au moins cent femmes et enfants, « massacrés et coupés en morceaux », et parmi eux, « un enfant qui palpitait encore près de sa mère ». En réalité cependant, la troupe ne fait qu’obéir aux ordres. » Alain GERARD

 

« Il n’y a pas 4 000 âmes à sa suite (de Charette, embarrassé par ceux qui cherchent protection auprès de lui), comptant femmes, enfants, vieillards, car tout s’en mêle et je tue tout. » DUTRUY au Comité de salut public

 

« On balaye avec le canon le sol de la Vendée, on le purifie avec le feu ; on trie sa population, on épure ses principes, on élabore l’esprit public. (…) La rébellion n’a plus aucune consistance, et plus de 150 000 personnes ont déjà été détruites. Cependant les habitants restants, au nombre de 15 à 25 000, sont devenus enragés, et ce sont tout particulièrement les femmes et les enfants qui exercent des cruautés inouïes sur nos volontaires. La guerre de Vendée ne sera complètement terminée que quand il n’y aura plus un habitant dans la Vendée » représentants Hentz et Garrau

 

« Les femmes, les enfants, les vieillards, les individus entraînés par la violence ne méritent sans doute par le même sort que les monstres qui ont ourdi la révolte, mais il s’agit là d’une indulgence absurde et meurtrière. » CARNOT

 

« La race d’hommes qui habite la Vendée est mauvaise ; elle est composée ou de fanatiques, qui sont le peuple, ou de fédéralistes, qui sont les messieurs. Ce qui prouve que la race est mauvaise ; c’est qu’il y a si peu de bons qu’ils n’ont pas contenu les rebelles. » Représentants Hentz et Francastel

 

« La Monarchie ne visait au pire, qu’à interdire certaines façons de penser, attitude déplorablement autoritaire, on en convient. La Révolution, elle, s’efforça d’imposer certaines façons de penser : les siennes, ce qui est une attitude totalitaire. Elle était seule à détenir la vérité : elle avait donc tous les droits. Il faut ici lui rendre hommage pour avoir pratiqué une cohérence absolue. Puisqu’elle était dans le vrai, elle devait, elle se devait, elle devait à la France de lui imposer ce vrai et elle allait prendre tous les moyens nécessaires pour le faire, entre autres truquer l’Histoire, ce qui est particulièrement patent dans le traitement infligé à la Vendée. Ce trucage, on ne devait s’en apercevoir que deux siècles plus tard à la faveur du bicentenaire, notamment grâce aux travaux de Pierre Chaunu, de Xavier Martin, de Reynald Sécher, de Jean de Viguerie, qui se sont attachés, chacun à sa façon, à dénoncer le « génocide franco-français » de la Vendée qui a coûté plus d’un demi-million de vies à la France et que pendant deux cents ans les historiens ont réussi à escamoter. »  VLADIMIR VOLKOFF

 

« Cette guerre de brigands, de paysans, sur laquelle on a jeté tant de ridicule, que l’on dédaignait, que l’on affectait de regarder comme si méprisable, m’a toujours paru pour la République comme la plus grande partie, et il me semble maintenant qu’avec nos autres ennemis nous ne ferons que peloter »    Général BEAUPUY

 

« Mes opérations militaires vont à grands pas ; tous les jours des arrestations, la guillotine en permanence, des scélérats suppliciés, des accaparements découverts, voilà quel en est le résultat continuel. » CARRIER

 

« C’était une battue générale pour exterminer, en s’avançant, toute la population, incendiant en même temps, bourgs, villages, châteaux, sans épargner les plus misérables masures. Une fumée noire et épaisse s’élevait dans l’air, qui devenait rouge et embrasé à mesure que la destruction s’étendant dans la campagne ; cette fumée, s’unissant aux nuages, formait comme une barrière qui interceptait la vue du ciel ; il semblait que la terre en était séparée par le crime. Ce système de massacre et d’incendie général, commença par glacer tout le monde d’épouvante et de terreur ; on ne peut exprimer ce que chacun ressentait … à force de penser, on ne pensait plus.  »  Madame de la BOUERE

 

« Vous avez dans les lois tout ce qu’il faut pour exterminer légalement nos ennemis ». ROBESPIERRE

 

« Il n’y a plus que deux partis en France, le peuple et ses ennemis. Il faut exterminer tous ces êtres vils et scélérats, qui conspirent éternellement contre les droits de l’homme et contre le bonheur de tous les peuples. » ROBESPIERRE

 

« Cette piste qui s’ouvre devant nous est notamment susceptible de rendre compte de l’extermination des vendéens, après leur défaite. Dans une guerre classique, les objectifs sont politiques et militaires, et à relativement court terme la défaite de l’un arrête le bras de l’autre. Mais lorsque l’idéologie est au pouvoir, la victoire ne constitue pas une fin, mais un moyen, celui de supprimer la preuve du mensonge de l’idéologie. Il n’y a plus face à face que des bourreaux et des victimes. Et quand celles-ci ont péri, les tueurs n’arrêtent pas pour autant leur besogne. Témoins les uns les autres de leur construction mensongère, ils se suspectent et cherchent réciproquement leur élimination. Et au bout du compte, il ne reste plus qu’un système, un jour ou l’autre forcé de s’arrêter faute de chair humaine… Pour pouvoir, en toute bonne conscience, massacrer le peuple réel, il faut être bardé de la certitude d’aimer le Peuple, d’œuvrer pour le bonheur futur d’un peuple fictif. L’idéologie permet la Terreur. Et en retour la Terreur protège l’idéologie contre les démentis du réel » Alain GERARD

 

« Le 27 janvier, Lachenay fait fusiller indistinctement, dans l’église de La Meilleraie, hommes et femmes, patriotes et rebelles. Huit jours plus tard, même opération à l’encontre de 27 personnes. Le 28, Caffin écrit à Turreau qu’il vient de faire fusiller 14 femmes. » Alain GERARD

 

« On viola les femmes et même trente passèrent sur une ; soixante ans, un œil poché et d’autres désagréments n’en exemptèrent pas une autre ». A Pouzauges, Grignon et l’état-major vont prendre le café au château avec de jolies prisonnières, puis quatre d’entre elles, violées, sont fusillées. « On incendia, conclut notre témoin, forcé d’accompagner la colonne, on pilla depuis La Flocellière jusqu’aux herbiers. Dans l’espace d’une lieue, on suivait la colonne autant à la trace des cadavres qu’elle avait faits, qu’à la lueur des feux qu’elle avait allumés. » Alain GERARD

 

« Il faut que la Vendée soit anéantie parce qu’elle a osé douter des bienfaits de la Liberté » Décembre 1793 – lettre des représentants en mission au général Haxo

 

« C’est par principe d’humanité que je purge la terre de la Liberté de ces monstres » CARRIER

 

« Ecrasez totalement cette horrible Vendée » DEMBARRIERE

 

« Il faut exterminer tous les hommes qui ont pris les armes et frapper avec eux leurs pères, leurs femmes, leurs sœurs et leurs enfants » TURREAU

 

« Il n’y a que des brigands dans la Vendée, je veux tous les exterminer, et aujourd’hui, j’ai fait fusiller plusieurs municipaux en écharpe. » GRIGNON

 

« Les femmes, raconte Barrion,  étaient violées, pillées, mutilées » par ceux-là même auxquels elles avaient préparé leur souper. »

 

« Ces enfants on sucé un mauvais lait ; le sang qui coule dans leur veines est de toute impureté. » BACHELIER

 

« Je vois une multitude incalculable d’enfants, témoigne Marie Ervin, une marchande qui est venue pour en recueillir ; dans une salle, il y en avait plus de 300 qui n’attendaient que le moment d’expirer ». Incommodée par « les exhalaisons fétides », elle reste prudemment à l’entrée d’où elle tente de les attirer, leur disant qu’elle leur veut du bien. « Il n’en vient que six ; ils pouvaient à peine se remuer. Peu de temps après, ajoute-t-elle, je retourne à l’Entrepôt ; il n’y avaient plus d’enfants ; ils avaient été noyés. »

 

« Dumais, le gardien de l’entrepôt, est tout aussi formel. « tous les enfants de l’entrepôt ont été enlevés, ainsi que les femmes, dont une douzaine n’ont point paru devant nous, écrit-il le 3 février à la commission militaire ; tous ces individus ont été conduits dans un bateau. » Alors, combien ? Le médecin Georges Thomas,  qui n’a rien d’un rêveur, parle de 400 à 500 enfants de moins de quinze ans. Pour trancher, il faudrait disposer du registre, et celui-ci n’a, et pour cause, évidemment jamais existé. » Alain GERARD

 

« Le comité a pris des mesures qui tendent à exterminer cette race rebelle des vendéens… C’est à Mortagne, à Cholet, à Chemillé, que la médecine politique doit employer les mêmes moyens et les mêmes remèdes. » BARERE

 

« J’ai vu les volontaires conformément aux ordres à eux donnés, se jeter les enfants de mains en mains, les faire voler de baïonnette en baïonnette, incendier les maisons, et brûler des enfants de quatorze ans. » Médecin Georges THOMAS Le 1er décembre 1793

 

« Aussitôt que la nouvelle de la prise de Noirmoutier me sera parvenue, j’enverrai un ordre impératif aux généraux Dutruy et Haxo de mettre à mort dans tous les pays insurgés tous les individus de tout sexe qui s’y trouveront indistinctement, et d’achever de tout incendier ; car il est bon que vous sachiez que ce sont les femmes avec les prêtres qui ont fomenté et soutenu la guerre de la Vendée, que ce sont elles qui ont fait fusiller nos malheureux prisonniers, qui en ont égorgé beaucoup, qui combattent avec les brigands et qui tuent impitoyablement nos volontaires, quand elles en rencontrent quelques-uns détachés dans les villages. C’est une engeance proscrite, ainsi que tous les paysans, car il n’en sera pas un seul qui n’ait porté les armes contre la République, dont il faut absolument et totalement purger son sol. » CARRIER

 

« Un département dont tous les habitants doivent être fusillés n’a pas besoin de subsistances. » CARRIER

 

« Il entre dans mes p rojets, écrit Carrier, et ce sont les ordres de la Convention nationale, d’enlever toutes les subsistances, les denrées, les fourrages, tout, en un mot de ce maudit pays ; de livrer aux flammes tous les bâtiments, d’en exterminer tous les habitants, car je vais incessamment t’en faire passer l’ordre. » Ainsi donc, la rhétorique maximaliste a-t-elle fini par englober tous les habitants de la Vendée, les patriotes comme les rebelles, dans une commune exécration, et par les vouer indistinctement à l’extermination. Alain GERARD   1999 in   Par principe d’humanité …

 

« Pour moi, bien pénétré des devoirs que m’imposent la véritable justice et le bonheur du peuple, je remplirai ma mission toujours avec la même inflexibilité. La Vendée sera dépeuplée, mais la République sera vengée et tranquille. » CARRIER

 

« L’infâme Vendée est la proie des flammes et devient un monument durable à la toute-puissance nationale. » FRANCASTEL

 

« Vous qui avez porté le nom d’armée infernale, je vous conjure, au nom de la Loi, de mettre le feu partout et de n’épargner personne, ni femmes ni enfants, de tout fusiller, de tout incendier.(…) Il faut tout exterminer, tout incendier ; des soldats vraiment républicains ne doivent jamais se laisser émouvoir par une fausse pitié, rien de plus beau que de savoir sacrifier tous sentiments humains à la vengeance nationale. »  CARRIER

 

« Sûr de son impunité, Pinard continue donc de sévir,  le 7 Janvier à la tête d’un détachement de Noirs américains (sic). (…) Le 18 février, sept brigandes de dix-huit à vingt-deux ans, « belles comme des amours », témoigne le miroitier Cormeray, sont capturées par la bande. Vers minuit, les volontaires, alertés par des cris, font irruption dans une écurie, où ils découvrent cinq noirs occuper à violer leurs prisonnières. « Ce sont nos esclaves, nous les avons gagnées à la sueur de notre front », expliquent-ils aux intrus qui, sous la menace, doivent se retirer. Quant à Pinard, il force la sienne à confirmer qu’elle est là de son plein gré. Trois jours durant, rapporte Cormeray, « il les prostitua à 600 hommes de force armée qui étaient en garnison à Vue. Dans un jour, il passa sur le corps d’une fille plus de 100 hommes ; elle ne pouvait plus marcher et devint imbécile, et les autres de même. Et quelques jours après, pour mettre le comble à leurs forfaits, ils les firent fusiller. (…)

 

En regard de ces horreurs, on peut placer celles commises par un certain Jean Dhéron, un tailleur devenu inspecteur des vivres militaires. Après la bataille de Clisson, témoigne la poissonnière Jeanne Lallier, il se présente à la société populaire, l’oreille d’un Vendéen attachée à son chapeau, « les mains pleines de parties génitales qu’il avait eu la cruauté d’arracher aux brigands en les massacrant », terribles trophées dont il s’amuse à importuner les femmes. » » Alain GERARD   1999 in   Par principe d’humanité …

 

« Il nous faut des hommes révolutionnaires qu’une fausse pitié n’amollit pas. Indulgence, oubli du passé, compassion, sensibilité, tous ces beaux noms ne recouvrent que faiblesse, modérantisme et perfidie. (…) Je compte sur vous. Je connais vos principes, vote inflexibilité républicaine, votre intention immuable de purger, de saigner jusqu’au blanc la génération vendéenne. » FRANCASTEL

 

« Tous les brigands sur la rive droite de la Loire sont enfin exterminés (…). Nous en avons fait une boucherie telle qu’on n’en entendra plus parler. » CARRIER

 

« Au cours d’un dîner sur les Champs-Élysées, Carrier livre ce qui paraît constituer l’état de ses réflexions. Le gouvernement, explique-t-il à ses interlocuteurs, a fait le compte de la population nationale, et a jugé qu’il était impossible de nourrir tant de monde. Ainsi le représentant reprend-il, à frais nouveaux, l’antique hantise du pacte de famine, récurrente sous l’Ancien Régime. Et du même coup tout ce qu’il a fait d’innommable, d’impensable à Nantes trouve là une justification rationnelle. Il fallait donc, poursuit-il, faire passer la population de la France de 1 000 habitants par lieue carrée à 700. (…) C’est là qu’il en vient au fond de sa pensée, que tout ce délire ne sert qu’à justifier. Les riches, assure-t-il, n’aimeront jamais les sans-culottes, et il faut donc « niveler la population » ; Voilà le maître mot, qui est la condition même de l’établissement d’une République parfaitement égalitaire, parfaitement démocratique, c'est-à-dire totalitaire, qu’il appelle de ses vœux. En vue de cet avènement, il convient de généraliser ce qu’il a commencé à Nantes, autrement dit, poursuit-il, de trier les hommes et d’en « retrancher une certaine portion : les nobles, les magistrats, les prêtres, les agents de change, les négociants, les ennemis présumés les plus prononcés du peuple. » Propos de visionnaire, qu’il conclut par une prophétie d’une merveilleuse lucidité. « Cependant, confesse-t-il, je crois que nous serons tous guillotinés les uns après les autres. » ainsi, à l’en croire, la démocratie pure conduit au néant. » Alain GERARD

 

« Désormais, la commission ne s’embarrasse même plus de l’aide du comité révolutionnaire, elle se fait apporter les registres d’écrou et statue séance tenante. Au milieu du mois, presque pas de jugements, seulement des tueries massives, aux Ponts-de-Cé, d’environ 1 500 personnes, et Francastel donne l’ordre de ne pas établir de procès-verbal. Puis la légalité révolutionnaire reprend du service. Le 23 décembre, 73 captifs sont immolés, le lendemain 75. Le 26, on tente de vider les prisons : 203 fusillés. Au total, cette commission compte à son palmarès 1 169 victimes, dont 36 femmes. Auxquelles il faut évidemment ajouter les exécutions sommaires, qui reprennent les 1er, 2 et 8 février 1794, à l’encontre de 293 hommes et 465 femmes. (…) Le Tribunal révolutionnaire de Nantes et les commissions militaires ont, de la légalité, conservé au moins les apparences, couchant sur leurs registres l’interminable liste de leurs victimes avant de les livrer aux fusillades. Et ces données en elles-mêmes sont fort instructives. De mars 1793 à décembre 1794, 4 333 personnes seraient ainsi passées entre leurs mains, et les organes officiels de la Terreur nantaise en auraient immolé 2 763, soit deux sur trois.  (…) La commission Bignon, outre ses exploits à Savenay, prononce 2759 jugements qui épargnent à peine une personne sur vingt. (…) Du 29 décembre au 8 février, en onze séances, elle fait exécuter 1 580 prisonniers, soit une moyenne de 144 par jour, avec une pointe à 289. (…) L’exécution, les 18 et 19 janvier, de 106 femmes, la plupart âgées de quinze à dix-huit ans, et dont les corps dévêtus ne sont, trois jours après, toujours pas enterrés

 

Que peut-on en déduire ? Conformément aux vœux clairement exprimés par les représentants, ils s’agit moins de juger les hommes que d’effacer une engeance que la rhétorique exterminatrice a depuis longtemps déjà soustraite à l’humanité rédimable. Mais qu’on ne croie pas pour autant à une tuerie méticuleusement programmée par ceux qu’on hésite à appeler des responsables politiques. Alors qu’une seule institution aurait pu suffire, voilà en effet que prolifèrent les organes de mort. »

Alain GERARD 1999 in Par principe d’humanité

 

 

« Saint-Just fait en effet le constat que la France manque de matières premières pour habiller les soldats et les officiers. Il a donc l’idée de prendre la matière première là où elle est. On va ainsi monter en Vendée des ateliers militaires de tanneries de peaux humaines. Il y en a une qui a sévi aux Ponts-de-Cé et qui a été parfaitement décrite par des contemporains dans un rapport que j’ai retrouvé. Je peux donc vous dire comment on dépiautait les vendéens, comment on les scalpait, comment on coupait les sexes des hommes pour les arborer comme médailles afin de montrer le nombre de gens que l’on avait tués dans la journée. Ce sont de véritables litanies de l’horreur. » Reynald SECHER

 

« L’idée d’exterminer la Vendée revient, sans aucun doute, à Barère. Il l’a énoncée synthétiquement dans un mot lancé au hasard d’un discours au mois d’avril 1793 : « Exterminons les Vendéens »

 

La Convention vote trois Lois.

 

La première, qui date du 1er août 1793 est la loi d’anéantissement : elle prévoit la destruction systématique de l’habitat, des bois, des forêts, des entreprises vendéennes.

 

La deuxième Loi, du premier octobre 1793, décide l’extermination des « brigands vendéens » (…) de toute la population résidant en Vendée militaire, bleus et blancs confondus, y compris les femmes « sillons reproducteurs » et les enfants, « futurs brigands » qui, s’ils survivaient, pourraient être animés du « juste désir de revanche ».

 

La troisième Loi décide de débaptiser solennellement la Vendée pour l’appeler département Vengé.

 

Le problème est que les vendéens sont de tellement mauvais révolutionnaires qu’ils refusent de se laisser tuer, et pire, qu’ils se défendent ! De plus, on n’a pas les moyens de la solution définitive, finale. Alors, on va recourir à différends moyens.

 

La première phase est la phase chimique. On décide d’abord de gazer la population vendéenne (…) Mais l’expérience est décevante : « Ni les moutons sur lesquels l’expérience a été faite, ni les conventionnels présents – note le rapport – n’ont été incommodés » !

 

Devant ces échecs, une deuxième idée, émise par le général Santerre, celui qui a fait battre les tambours lors de l’exécution de Louis XVI : il s’agirait de miner systématiquement le territoire vendéen. Mais le grand problème est que l’on n’a pas réussi à créer la mine sélective, et les mines explosent aussi bien sous les soldats bleus que sous les vendéens. On arrête donc l’expérience.

 

La troisième idée est due à Carrier : c’est l’empoisonnement de l’eau, du pain et de l’alcool avec de l’arsenic. Y a-t-il eu un début d’exécution ? Je l’ignore. Mais Savin, lieutenant de Charrette, saisira un certain nombre de fourgons bourrés d’arsenic et se posera la question de leur utilité.

 

Les méthodes scientifiques et techniques ayant échoué, les troupes chargées de l’extermination se résignent à utiliser les moyens empiriques, artisanaux. Elles en retiennent cinq : la guillotine, moyen mécanique  les  sabrades : on met les Vendéens en file indienne et on les tue à coup de sabres et de baïonnettes ; l’éclatement des crânes à coups de crosses ; les fusillades ; les noyades (spécialité de Carrier à Nantes)

 

Mais tout ceci est très coûteux. (…) Bien sûr, on s’indemnise en arrachant les dents, en coupant les cheveux, en vendant les vêtements mais c’est insuffisant par rapport au coût général des exécutions.

 

Trouver un plan d’extermination efficace, rapide et peu coûteux sera la mission de Turreau, général en chef des armées de l’ouest. On lui demande de rédiger un plan général d’extermination. Turreau, qui est un bon militaire, ne se pose aucune question, rédige son plan et l’envoie en double exemplaire aux autorités politiques et aux autorités militaires. Nous en avons l’original.

 

Ce plan est tout à fait simple et se fonde sur trois structures :

 

Première structure, les colonnes infernales. Il s’agit de sillonner la Vendée militaire avec des colonnes et de tuer, de détruire tout, systématiquement.

 

Les conventionnels avaient voté une loi qui exigeait que chaque général, de manière quotidienne, envoie un double rapport au pouvoir politique et au pouvoir militaire. On a détruit les rapports politiques mais on a oublié de détruire les rapports militaires : on les a déposés aux archives militaires, c'est-à-dire au fort de Vincennes, où ils sont encore à l’heure actuelle pour leur majeure partie.

 

Deuxième structure, la flottille sur la Loire. (…) Elle va être employée à l’extermination de la population riveraine du fleuve. Nous avons également retrouvé les rapports des commandants de bateaux.

 

Troisième structure, la commission de subsistance, dont la finalité est de piller systématiquement la Vendée. Ce sera un moyen de secourir Paris affamé et aussi de remplir les poches de certains conventionnels parisiens !

 

En termes de bilan, on peut estimer que sur une population de 815 000 habitants, un minimum de 117 000 personnes a disparu. Un habitant sur sept. Et peut-être beaucoup plus. Mais c’est un chiffre en dessous duquel on ne peut aller. On a pu aussi vérifier que l’idée qui avait été avancée par les Conventionnels d’exterminer de préférence les femmes, « sillons reproducteurs », et les enfants « futurs brigands », avait été réalisée. En effet, on a fait des sondages à La Chapelle Basse mer, à la Remaudière, aux Lucs-sur-Boulogne. Ils vont tous dans le même sens : 60,70, 80 % des tués sont des femmes et des enfants. » »  Reynald SECHER

 

« La Vendée, Babeuf l’explique très bien, n’était qu’un laboratoire : on vient de découvrir un document qui avait prévu l’extermination de la Bretagne et des Bretons à partir de mai 1794. » Vladimir VOLKOFF

 

« Les réformateurs de Paris apparaissaient aux paysans de l’ouest comme les destructeurs de tout un ordre traditionnel, sans lequel ils ne pouvaient concevoir même leur vie quotidienne. Et si nous voulons bien nous souvenir qu’au cours de l’Ancien Régime le patriotisme, pour les français, avait été plus vécu que défini, si nous voulons nous souvenir que ce patriotisme était formé essentiellement de l’obéissance fidèle à des traditions, au lieu de s’exprimer dans un concept abstrait, il nous faut bien conclure que le sursaut des Vendéens était, à son origine, la révolte du patriotisme instinctif, du patriotisme réaliste, contre l’hypocrite construction théoricienne du gouvernement parisien. » Marie-Madeleine MARTIN

 

« De fait, les gouvernements ne montrent pas tous ni beaucoup de hâte ni d’application à réduire à néant les legs des temps de tyrannie. Danton, champion de l’audace en chambre, occupe toujours la place de l’Odéon et la ville de Versailles qui n’a pas gardé une seule effigie d’un roi de France dressé en un lieu public, honore le général Hoche par une statue joliment située face à l’église Notre-Dame, entouré de beaux parterres de fleurs. Les édiles de l’an 1832, initiateurs responsables de cette complaisance pour l’enfant du pays, l’ont immortalisé par une suite d’inscriptions qui, sur les quatre côtés du socle disent ce que la patrie a perdu de voir mourir si jeune, à l’âge de vingt six ans, ce pacificateur de la Vendée. On y lit que « s’il eu vécu, sa gloire toujours croissante n’eût jamais rien coûté à la liberté de sa patrie » et que « héros citoyen, son nom est pur autant qu’immortel ». L’an 1868, pour le centenaire de sa naissance, la municipalité fit instaurer, en l’honneur de son glorieux fils, une fête annuelle pour célébrer son souvenir. Si bien que la fête de Versailles, qui se dit, pour attirer les touristes, « ville royale », fait commémorer le génocide des pauvres croquants partisans du roi. « Pacificateur de la Vendée ! ». La place manquait sans doute pour montrer Hoche allant, aux ordres de la Convention, pacifier d’autres villes et provinces : terres ravagées, églises brûlées, femmes et enfants massacrés. » Jacques HEERS

 

« Il n’y aurait de moyen de ramener le calme dans ce pays qu’en en faisant sortir tout ce qui n’était pas coupable et acharné, en en exterminant le reste et en le repeuplant le plus tôt possible de républicains. (…) La guerre ne sera complètement terminée que quand il n’y aura plus un habitant dans la Vendée.» HENTZ et FRANCASTEL, commissaires de la République

 

« Il ne faut point faire de prisonniers. Dès qu’on trouve des hommes les armes à la main ou en attroupements de guerre, quoique sans arme, il faut les fusiller sans déplacer. » LEQUINO

 

« Les patriotes manquent de pain, il et juste que ces scélérats périssent et ne mangent pas le pain des patriotes. Les détenus sont des scélérats qui ont voulu détruire la République : il faut qu’ils périssent. » ROBIN, bourreau

 

« Mon intention est de tout incendier. (…) ce qui reste de rebelles ainsi cernés, je ne crois pas qu’il puisse en réchapper, c’est du moins le plus sûr  moyen de parvenir à leur parfait anéantissement (…) si mes intentions sont bien secondées, il n’existera plus dans la Vendée sous quinze jours ni maisons, ni armes, ni subsistances, ni habitants que ceux qui, cachés dans le fond de la forêt, auront échappé aux plus scrupuleuses perquisitions. » TURREAU

 

« Je ne vous donnerai pas le détail des horreurs gratuites commises dans la Vendée, mais je ne ferai que vous rappeler les faits généraux. Douze colonnes s’avancent le fer et la flamme à la main dans un pays où les rebelles ont mis bas les armes. On pille, on brûle, on viole, on assassine ; des vieillards sont trouvés reposant dans leur maison, on met le feu à leurs lits, on les brûle tout vivants.

Des cultivateurs paisibles sont rencontrés, on les saisit, et avant de les massacrer, on creuse leur fosse sous leurs yeux ; leurs femmes, leurs filles sont en proie aux outrages du soldat ; cinquante, cent monstres assouvissent tour à tour leur infâme brutalité ; ils les massacrent après les avoir violées ; des enfants à la mamelle sont égorgés ; ils se les jettent l’un à l’autre sur les pointes de leurs baïonnettes. Des habitants hospitaliers les accueillent, leur présentent des rafraîchissements, ils les acceptent et fusillent ensuite ces malheureux l’un après l’autre.

 

Ils fusillent les municipalités entières, des municipalités patriotes, des municipalités revêtues de l’écharpe de la liberté. Enfin, ils brûlent les chaumières des cultivateurs, il brûlent, même dans un temps où nos armées et Paris manquent de subsistances, ils brûlent les graines et les bestiaux. De quel nom qualifier ces armées de brigandages et de crimes ? Et quels sont les ennemis barbares de la patrie qui ont pu en concevoir le plan ? (…)

 

Non, ce n’est plus par la méchanceté humaine qu’il faut expliquer ce brigandage et cet assassinat perpétuel ; c’est plutôt une frénésie nouvelle qui passe les forces ordinaires du crime. Ah ! Il est des gens nés comme le tigre avec la soif du sang qui s’y désaltèrent parce que c’est le besoin de leur instinct et qui sourient à l’aspect d’un homme comme à la vue d’une proie. » Avocat TRONSON-DUCOUDRAY

 

« Il y a un an que je crie contre toutes les horreurs desquelles j’ai été le malheureux témoin. (…) Je te déclare qu’il n‘existe pas un officier général dans la Vendée qui puisse donner des éclaircissements plus sincères et plus détaillés que moi. (…) Je dirai et je prouverai quand on le voudra que j’ai vu massacrer des vieillards dans leurs lits, égorger des enfants sur le sein de leurs mères, guillotiner des femmes enceintes et une le lendemain de ses couches (à Laval), que j’ai vu brûler des magasins immenses de grains et de denrées de toute espèce, par quel ordre, à quelle heure et dans quel lieu. (…) Je prouverai qu’on ne s’est pas contenté de noyer à Nantes, mais que ce genre de supplice avait lieu à trente lieues en remontant la Loire. Les atrocités qui se sont commises sous mes yeux ont tellement affecté mon cœur que je ne regretterai jamais la vie.

 

Je démontrerai invinciblement que beaucoup de gens qui sont actuellement des philanthropes étaient alors de grands scélérats. (…) je parlerai en face aux cannibales et je te somme au nom du Salut Public de faire part de ma lettre à la Convention. » Général DANICAN

 

« CHAUX accuse le comité révolutionnaire, dont il a été un des membres, d’avoir fait noyer ou fusiller quatre cents à cinq cents enfants dont les plus âgés n’avaient peut-être pas quatorze ans. : « J’avais engagé plusieurs de mes amis à élever chez eux plusieurs de ces petits innocents et le lendemain, allant à l’Entrepôt pour les prendre, ces malheureux n’existaient plus. Ils avaient tous été noyés (…) ayant reçu l’ordre de la commission militaire d’aller constater la grossesse d’un grand nombre de femmes détenues à l’Entrepôt, je trouvai une grande quantité de cadavres épars ça et là ; je vis des enfants palpitants noyés dans des baquets pleins d ‘excréments humains (…) Je constate la grossesse de trente d’entre ces femmes ; plusieurs étaient grosses de sept à huit mois. Quelques jours après, je reviens voir ces femmes que leur état devait sauver, ces malheureuses avaient été noyées… »

 

« Vous voyez ces femmes, ces mères malheureuses précipitées dans les flots avec leurs enfants. L’enfance, l’aimable enfance, dont le bonheur est de ne trouver que des amis parmi les êtres sensibles, de n’inspirer que les plus doux intérêts, d’attendrir par un seul de ses regards, devient l’objet de la plus impitoyable rage. Un crime, que les fureurs de la guerre rendent à peine croyable, est commis de sang froid dans Nantes armée pour la patrie. Des enfants de dix, de cinq, de deux ans, des enfants à la mamelle sont massacrés ou noyés. Je vois ces infortunés tendant vers leurs bourreaux leurs bras innocents, leur souriant sur le sein qui les porte et dont un bras féroce les arrache. Je les vois se débattre aux cris de leurs mères qui les appellent encore. J’entends ces malheureuses s’écrier, l’une : « Laissez-moi mon fils, barbares ! Je mourrai avec lui », et les monstres précipitent et l’enfant et la mère ; l’autre recommander le sien aux citoyens sensibles qui l’adoptent et leur dire : « Mon enfant est entre vos mains, je meurs contente. » Je vois le fleuve rapporter sur ses bords une femme tenant encore son enfant mort sur son sein, une fille les bras entrelacés autour de sa mère. Quelles images ! (…)

 

Je passe sur la place où est l’instrument du supplice. Je vois un jeune enfant de treize ans sur l’échafaud ; il dit à l’exécuteur ce mot déchirant : « Me feras-tu bien du mal ? » il est lié sur la planche fatale dont les proportions indiquent à ces barbares que la justice n’y attache pas des enfants. Son corps atteint à peine la ligne qui répond à la direction du couteau. Le coup tombe… Je vous épargne le reste de cet affreux tableau.

 

Ailleurs, ce sont moins des supplices injustes que des scènes de carnage ; ce sont des hommes, des femmes ou des enfants que l’on fusille ou que l’on déchire à coups de sabres et de baïonnettes. Ce sont des prisonniers qui se sont rendus volontairement, qui sont venus offrir de ramener neuf ou dix mille des leurs si on voulait leur pardonner et qui offraient en même temps de rester pour otages ; ce sont des rebelles, ou plutôt des malheureux que l’on qualifie ainsi sans avoir constaté l’identité des individus, et ce sont encore des enfants !car ces infortunés sont partout voués à la mort. » TRONSON-DUCOUDRAY

 

« La postérité ne croira jamais que des hommes qui avaient sans cesse à la bouche les saints noms de liberté, d’égalité, de fraternité aient pu se livrer contre leurs frères à des atrocités semblables. » Citoyen BENABEN dans un rapport au commissaire du Maine-et-Loire, publié en 1795

 

« Il est impossible que la République puisse se maintenir si la Vendée n’est pas entièrement réduite sous le joug. Nous ne pourrons nous-mêmes croire à notre sûreté que lorsque les brigands qui infestent l’ouest depuis deux années auront été mis dans l’impuissance de nous nuire et contrarier nos projets, c'est-à-dire lorsqu’ils auront été exterminés. C’est déjà un sacrifice trop honteux d’avoir été réduits à traiter de la paix avec des rebelles ou plutôt avec des scélérats dont la très grande majorité a mérité l’échafaud. Sois convaincu qu’ils nous détruiront si nous ne les détruisons pas. (…) Il faut, s’il est nécessaire, employer le fer et le feu, mais en rendant les Vendéens coupables aux yeux de la nation du mal que nous leur ferons. » Courrier signé de sept conventionnels (Tallien, Treillard, Sieyès, Doulcet, Rabaut, Marec, Cambacérès) expédié au représentant du peuple Guezno

 

« La force de la résistance s’explique par la conjugaison de tous ces facteurs : foi religieuse nouvelle, amour de la liberté, organisation rationnelle qui permet, entre autres, d’entretenir les cultures pendant les combats, parfaite connaissance du terrain et solidarité populaire. Nous nous expliquons dès lors beaucoup mieux ce qui a causé la stupeur des contemporains ou des chercheurs, l’admiration de Napoléon pour la Vendée, « ce peuple de géants », et enfin l’échec des armées invincibles de la République, qui amenaient les rois et les peuples de l’Europe coalisée à la capitulation. La Convention ne trouvera, hélas, pour s’en sortir qu’une seule mais terrible solution : l’ordre d’extermination systématique. (…) A une guerre d’une barbarie insoutenable mais qui reste une guerre, succède la froide organisation du génocide. » Reynald SECHER

 

« La Vendée sera dépeuplée, mais la République sera vengée et tranquille. (…) Malgré les succès, nous devons recourir à des moyens odieux, cruels, tortionnaires, contraires à l’esprit de la constitution votée par le peuple français. Mes frères, que la Terreur ne cesse d’être à l’ordre du jour, et tout ira bien. » Représentant FRANCASTEL   in    par principe d’humanité ... La Terreur et la Vendée – Alain Gérard - 1999

 

« La guillotine surnommée le « moulin à silence », ou le « rasoir national », fonctionne sans trêve. Les Vendéens, arrêtés les armes à la main, sont conduits dans les chefs-lieux et détenus dans les prisons appelées les « antichambres de la mort » par Carrier. Partout, ils sont exécutés sur-le-champ, sans jugement.

 

Comme la « sainte mère guillotine » (expression de Francastel) est trop lente (à Cholet, elle n’est réservée qu’aux personnages marquants comme les nobles, les chefs vendéens, les prêtres et les gros bourgeois), on a recours à des moyens plus radicaux et plus efficaces comme l’explique un citoyen représentant du peuple, Minier : « Je t’annonce avec plaisir que les brigands sont bien détruits. Le nombre qu’on en amène ici depuis huit jours est incalculable. Il en arrive à tout moment. Comme en les fusillant c’est trop long et qu’on use de la poudre et des balles, on a pris le parti d’en mettre un certain nombre dans de grands bateaux, de les conduire au milieu de la rivière, à une demi-lieue de la ville et là on coule le bateau à fond. Cette opération se fait journellement. » Reynald SECHER

 

« La Vendée est exténuée, sa population étonnamment réduite, le fer et la flamme ayant laissé de terribles signes de dévastation. » BERNADOTTE

 

« Au club des Jacobins le 26 novembre, Robespierre déclare que la Vendée n’est plus désormais qu’une horde fugitive dont, menace-t-il, « l’existence ne saurait être prolongée que par la malveillance et l’ineptie ». Le 3 novembre, un obscur capitaine de l’armée de Mayence, nommé Bouverai, a en effet confié au « vertueux législateur » son profond écoeurement : « Aussitôt que notre armée est entrée dans la Vendée, chaque soldat a dès lors mis à mort ce qui lui a plu, a pillé qui lui a plu. » Alain GERARD   1999 Par principe d’humanité… La Terreur et la Vendée

 

« N’oubliez jamais que tant que vous nourrirez dans l’enceinte de cette cité, des vampires et des vautours pour prix de votre indulgence, ils suceront un jour à longs traits le sang qui les aura préservés de la vengeance due à leurs forfaits. » ROUX, curé assermenté de Campagne-Mouton

 

« La violence des révolutionnaires visait à l’extermination des Vendéens, tous sexes ou âges confondus, indépendamment des considérations militaires. Les destructions ne se sont pas bornées aux inévitables débordements de guerre, mais ont pris un caractère systématique. Il ne s’agissait pas de rétablir l’ordre, mais de « nettoyer » la région. Et la décision a été prise au plus haut niveau. » Reynald SECHER

 

« D’abord les noyades se faisaient de nuit mais le comité révolutionnaire ne tarda pas à se familiariser avec le crime ; il n’en devint que plus cruel et dès ce moment, les noyades se firent en plein jour. D’abord les individus étaient noyés avec leurs vêtements ; mais ensuite, le comité conduit par la cupidité autant que par le raffinement de la cruauté, dépouillait de leurs vêtements ceux qu’il voulait immoler aux différentes passions qui l’animaient. Il faut aussi vous parler du « mariage républicain » qui consistait à attacher, tout nus, sous les aisselles, un jeune homme à une jeune femme, et à les précipiter ainsi dans les eaux. » Guillaumme-François LAHENNEC, témoin au procès de Carrier.

 

« Carrier se vante devant l’inspecteur de l’armée, Martin Naudelle « d’y avoir fait passer deux mille huit cents brigands » dans ce qu’il appelle « la déportation verticale dans la baignoire nationale », « le grand verre des calotins » ou « le baptême patriotique ». En fait ce sont 4 800 personnes recensées que la Loi, « ce torrent révolutionnaire », engloutit au cour du seul automne 1793. » Reynald SECHER

 

« Près de la ligne de flottaison sont découpés des sabords ; ces ouvertures, provisoirement clouées, sont ensuite dégagées à coups de hache, et la fragile barcasse s’engloutit avec sa cargaison humaine. » Alain GERARD 1999

 

 

 

« On réquisitionne des sapines, ces embarcations construites pour une seule descente de la Loire et vouées ensuite à la démolition. (…) Les noyades ont aussi pour fonction de confirmer qu’aucune résistance n’a pu exister à l’encontre de ceux qui ne désirent que le bonheur de l’humanité. Cela finit dans l’anonymat d’une masse indénombrable au fond du fleuve. Cela commence par l’entassement, sans registre d’écrou, de kyrielles de morts-vivants dans les profondeurs de l’Entrepôt. Un endroit hautement symbolique.  Ailleurs, on transforme les hauts lieux du passé, comme la forteresse du Bouffay ou les nombreux couvents de la ville, en prisons. Le médecin Georges Thomas témoigne : « Je trouvai en entrant dans cette affreuse boucherie, une grand quantité de cadavres épars ça et là ; je vis des enfants palpitants ou noyés dans des baquets pleins d’excréments humains. Ayant constaté la grossesse d’une trentaine de détenues, il revint plusieurs jours après. Mais les « baignades » selon Goullin, les « déportations verticales » chères à Carrier, ont fait leur œuvre.» Alain GERARD 1999

 

« Les Vendéens sont téméraires mais ils ont constaté qu’il ne sert à rien de se rendre comme les pouvoirs publics les y engagent : tous ceux qui viennent restituer leurs armes et implorer la clémence de la République sont impitoyablement massacrés, malgré les discours officiels qui leur promettent paix et sécurité : une loi du 12 frimaire décrète que toutes les personnes connues sous les nom de rebelles de la Vendée et de chouans, qui déposeront les armes dans le mois de sa publication, ne seront ni inquiétés ni recherchés pour le fait de leur révolte. D’autres déclarations assurent que les généraux sont chargés de faire respecter cet ordre. Discours perfides puisque les colonnes infernales, lancées le 17 janvier, commencent à ravager le pays. Devant une mort presque inévitable, la seule chance de survie est le soulèvement : cette action spontanée peut aider la résistance encore réelle dans le sud du pays. Une seconde répression est organisée. » Reynald SECHER

 

« Les passions sont tellement surexcitées pendant cette année 1793 qu’on songe à recourir aux armes chimiques. Un pharmacien d’Angers, Proust, invente une boule contenant d’après lui « un levain propre à rendre mortel l’air de toute une contrée ». On pourrait l’employer pour détruire la Vendée par infection ; mais des essais tentés sur des moutons sont sans résultat. Carrier propose alors le poison sous forme d’arsenic dans les puits. Westermann a une idée semblable mais plus perfide : il sollicite l’envoi de « six livres d’arsenic et d’une voiture d’eau-de-vie » qu’on aurait laissée prendre aux Vendéens. On ignore pourquoi ce projet n’est pas retenu. Sans doute, comme le précise Simone Loidreau, on n’était pas sûr de la discipline et de la sobriété des troupes républicaines et on craignait qu’elles ne boivent en cachette… Santerre réclame du ministre de la Guerre, le 22 août 1793, « des mines !... des mines à force ! des fumée soporatives et empoisonnées… ». A sa suite, Rossignol demande au Comité de Salut Public de bien vouloir envoyer en Vendée le chimiste Fourcroy pour étudier les solutions possibles comme l’explique Santerre : » Par les mines, des fumigations ou autres moyens, on pourrait détruire, endormir, asphyxier l’armée ennemie. » Les idées fusent. Certaines semblent avoir même trouvé un commencement d’exécution, témoin cette lettre de Savin à Charrette, du 25 mai 1793 : « Nous fûmes vraiment étonnés de la quantité d’arsenic que nous trouvâmes à Palluau, au commencement de la guerre. On nous a même constamment assuré qu’un étranger, qu’ils avaient avec eux et qui fut tué à cette affaire, était chargé d’assurer le projet d’empoisonnement… » Pour arriver à leurs fins, les républicains décident alors d’avoir recours aux colonnes infernales, à la flottille dont l’action est presque inconnue, voire insoupçonnée et aux commissaires civils. Le but est de faire de la Vendée un « cimetière de la France », « de transformer ce pays en désert, après en avoir soutiré tout ce qu’il renferme ». Reynald SECHER

 

« Le projet de destruction totale ne fut en fait appliqué qu’avec la proposition du plan de Turreau, nouveau général en chef de l’armée de l’Ouest. Dès son arrivée en Vendée, au lendemain de Savenay, il écrit au Comité de Salut Public pour arrêter le plan qu’il compte suivre, et solliciter un document qui le couvre : « Je vous demande une autorisation expresse ou un décret pour brûler toutes les villes, villages et hameaux de la Vendée qui ne sont pas dans le sens de la Révolution et qui fournissent sans cesse de nouveaux aliments au fanatisme et à la royauté. » » Reynald SECHER

 

« Après avoir écrit de sa main, en tête de son papier la devise : « Liberté, Fraternité, Egalité ou la Mort », Turreau envoie les instructions suivantes à ses lieutenants : « Tous les brigands qui seront trouvés les armes à la main, ou convaincu de les avoir prises, seront passés au fil de la baïonnette. On agira de même avec les femmes, filles et enfants (…) Les personnes seulement suspectes ne seront pas plus épargnées. Tous les villages, bourgs, genêts et tout ce qui peut être brûlé sera livré aux flammes. »

 

« Extermine les brigands jusqu’au dernier, voilà ton devoir. » Adresse du 8 février 1794 du Comité de Salut Public à Turreau par l’intermédiaire de Carnot.

 

« Tuez les brigands au lieu de brûler les fermes, faite punir les fuyards et les lâches et écrasez totalement cette horrible Vendée… Combine avec le général Turreau les moyens les plus assurés de tout exterminer dans cette race de brigands… » Adresse du Comité de Salut Public au représentant Dembarrère.

 

« Camarades, nous entrons dans le pays insurgé. Je vous donne l’ordre de livrer aux flammes tout ce qui sera susceptible d’être brûlé et de passer au fil de la baïonnette tout ce que vous rencontrerez d’habitants sur votre passage. Je sais qu’il peut y avoir quelques patriotes dans ce pays ; c’est égal, nous devons tout sacrifier. » Harangue du général Grignon à ses soldats le 17 janvier 1794

 

« J’avais ordonné de passer au fil de la baïonnette tous les scélérats qu’on aurait pu rencontrer et de brûler les métairies et les hameaux qui avoisinent Jallais ; mes ordres ont été ponctuellement exécutés et, dans ce moment, quarante métairies éclairent la campagne … » JALLAIS le 27 janvier 1794

 

« Je te préviens que tout le village d’Yzernay a été incendié hier sans y avoir trouvé ni homme ni femme. Il restait quatre moulins à vent que j’envoie incendier ce matin, n’en voulant pas laisser un seul. J’ai fait brûler ce matin toutes les maisons qui restaient à Maulévrier, sans en excepter une seule, si ce n’est l’église où il y a encore beaucoup d’effets qu’il serait à propos d’envoyer chercher de suite.. Le bourg de Toutlemonde a été incendié avant-hier … » CAFFIN

 

« Je te préviens que j’irai demain matin, avec ma colonne, brûler ce bourg (la Gaubretière), tuer tout ce que j’y rencontrerai sans considération, comme le repaire de tous les brigands. Tout y passera pas le fer et par le feu… » CAFFIN le 3 février 1794

 

« Le 28, Huché signale à Turreau qu’à La Gaubretière, il n’a pas pu se livrer au grand carnage qu’il espérait : seulement 500 personnes, hommes et femmes confondus, trouvées blottis dans les haies, les genêts et les bois, ont été exterminées à la baïonnette, pour économiser la poudre. Dès le lendemain, l’exploit lui vaut les félicitations de son chef, et en retour du courrier, il lui répond modestement qu’une si mince affaire ne valait pas qu’on en parlât au ministre. » Alain GERARD

 

« Carrier conjure Cordellier, « au nom de la loi, de mettre le feu partout et de n’épargner personne, ni femmes ni enfants, de tout fusiller. »

 

« Si la population qui reste n’était que de trente à quarante mille âmes, le plus court sans doute serait de tout égorger, ainsi que je le croyais d’abord ; mais cette population est immense : elle s’élève encore à 400 000 hommes ; et le pays vallonné et boisé, rend cette extermination extrêmement difficile. » LEQUINIO

 

« Ces terres sont bonnes et peuvent facilement se passer de fumier, vu la quantité de brigands qui  les engraisse. » FELIX, Président de la commission militaire d’Angers

 

« L’esprit de l’armée est corrompu par le pillage, et le cœur du soldat abruti par le meurtre et le carnage. » BO et INGRAND

 

« … le spectacle du carnage et de la dévastation, partout le silence de l’horreur. (…) Quand cela sera fini, il n’y aura plus de monde dans la Vendée, mais soyez sûrs qu’il y a vingt mille hommes à

égorger dans ce malheureux pays ; alors, nous trouverons ici force bestiaux et blés. » » Représentants Hentz, Garrau, Prieur et Francastel au Comité de salut public

 

« Hentz et Francastel avisent le Comité de salut public que leurs collègues Garrau et Prieur ont dû repartir sur Nantes. Ces derniers n’ont pu davantage, expliquent-ils, soutenir « l’horrible spectacle de ce pays affreux, où l’on ne voit que des ruines et des morts, où règne le silence le plus lugubre.(…) Nous les tuons en détail, ,n faisant périr tout ce qui se trouve dans le pays, et puis ils périront de misère ; plus de fours, plus de moulins, plus de villages ; on les chasse, il faudra qu’ils succombent. » du reste, ils s’estiment bientôt près du but : sur une population initiale qu’ils évaluent à 160 000 personnes, on n’en compte plus, assurent-ils, que 15 000 à 20 000. « Il résulte de tout ce que nous venons de vous dire, concluent-ils, que, quand la guerre de la Vendée sera complètement terminée, il n’y restera point d’habitants, puisqu’on y aura tout détruit. » Alain GERARD

 

« Mes Colonnes ont déjà fait des merveilles ; pas un rebelle n’a échappé à leurs recherches… Si mes intentions sont bien secondées, il n’existera plus dans la Vendée, sous quinze jours, ni maisons, ni subsistances, ni armes, ni habitants. Il faut que tout ce qui existe de bois, de haute futaie dans la Vendée soit abattu… » TURREAU le 24 Janvier 1794

 

« Amey fait allumer les fours et lorsqu’ils sont bien chauffés, il y jette les femmes et les enfants. Nous lui avons fait des représentations ; il nous a répondu que c’était ainsi que la République voulait faire cuire son pain D’abord on a condamné à ce genre de mort les femmes brigandes, et nous n’avons trop rien dit ; mais aujourd’hui les cris de ces misérables ont tant diverti les soldats et Turreau qu’ils ont voulu continuer ces plaisirs. Les femelles des royalistes manquant, ils s’adressent aux épouses des vrais patriotes. Déjà, à notre connaissance, vingt-trois ont subi cet horrible supplice et elles n’étaient coupables que d’adorer la nation (…). Nous avons voulu interposer notre autorité, les soldats nous ont menacés du même sort (…) Le président du district le 25 Janvier s’en étonne : « Tes soldats se disant républicains se livrent à la débauche, à la dilapidation et à toutes les horreurs dont les cannibales ne sont pas même susceptibles … ». Le capitaine Dupuy, du bataillon de la Liberté, adresse à sa soeur les 17 et 26 nivôse (Janvier 1794) deux lettres tout aussi explicites : « Nos soldats parcourent par des chemins épouvantables les tristes déserts de la Vendée … Partout où nous passons, nous portons la flamme et la mort. L’âge le sexe, rien n’et respecté. Hier, un de nos détachements brûla un village. Un volontaire tua de sa main trois femmes. C’est atroce mais le Salut de la République l’exige impérieusement (…) Quelle guerre ! Nous n’avons pas vu un seul individu sans le fusiller. Partout la terre est jonchée de cadavres ; partout les flammes ont porté leur ravage » (…)

 

Les délits ne se sont pas bornés au pillage, ajoute Lequenio. Le viol et la barbarie la plus outrée se sont représentés dans tous les coins. On a vu des militaires républicains violer des femmes rebelles sur des pierres amoncelées le long des grandes routes et les fusiller et les poignarder en sortant de leur bras ; on en a vu d’autres porter des enfants à la mamelle au bout de la baïonnette ou de la pique qui avait percé du même coup la mère et l’enfant » (…)

 

« J’ai vu brûler vif des femmes et des hommes, écrit le chirurgien Thomas. J’ai vu cent cinquante soldats maltraiter et violer des femmes, des filles de quatorze et quinze ans, les massacrer ensuite et jeter de baïonnette en baïonnette de tendres enfants restés à côté de leurs mère étendues sur le carreau… »

 

« J’ai fait brûler un château appartenant à Lescure, et deux ou trois autres. La journée d’hier a coûté la vie à peut-être trois cents rebelles ; de ce nombre se trouve un chevalier de Saint-Louis qui fuyait à cheval avec son domestique ; je te fais passer la décoration. » Général GRIGNON

 

« L’Anjou est réservé à la cinquième colonne commandée par Cordelier. Son lieutenant, Crouzat, ravage sur sa route Gonnord, Joué, Chemillé, Chanzeaux, Melay. Sa méthode est connue : il fouille d’abord les maisons, en arrache les femmes, les enfants, les vieillards, les malades qu’il force à assister au pillage de leurs demeures et de l’église, puis met le feu partout. Ensuite il aligne les habitants et les fusille. » Reynald SECHER

 

« Plus de cinq cents, tant hommes que femmes, ont été tués… J’ai fait fureter les genêts, les fossés, les haies et les bois, et c’est là qu’on les trouvait blottis. Tout a été passé par le fer car j’avais défendu que les trouvant ainsi on consommât des munitions. A mon arrivée à La Verrie, j’ai fait passer au fil de la baïonnette tout ce que j’ai trouvé. » HUCHE

 

« Cinquante-huit individus, désignés sous la dénomination de prêtres réfractaires, sont arrivés d’Angers à Nantes : aussitôt ils ont été enfermés dans un bateau sur la Loire ; la nuit dernière, ils ont été tous engloutis dans cette rivière. » CARRIER

 

« Un délire de sang et de sadisme, écrit Gabory, s’empare des soldats : ils se réservent comme butin de guerre les femmes les plus distinguées et les religieuses. Ils dépouillent les cadavres de leurs vêtements, et les alignent sur le dos… ils appellent cette opération : « mettre en batterie… ». « Ils vont, raconte Béjary, jusqu’à introduire dans le corps des victimes des cartouches auxquelles ils mettent le feu » (…). « Des prisonniers, dit l’abbé Deniau, vieillards, femmes, enfants, prêtres sont traînés vers Ponthière pour y être fusillés. Un prêtre vieux et infirme ne pouvant suivre, un soldat le transperce avec sa baïonnette et dit à l’un de ses camarades : « prends-en le bout » ; ils le portent jusqu’à ce que le malheureux ait rendu le dernier soupir. »  Un charroyeur de cadavres, raconte un témoin, embrochait les victimes avec une fourche et les entassait dans sa charrette. Les Bleus sabrent sans répit : « J’ai vu des cadavres, écrit le représentant Benaben, sur le bord du chemin, une centaine qui étaient nus et entassés les uns sur les autres, à peu près comme des porcs qu’on aurait voulus saler… » Vingt- sept vendéennes, avec leurs enfants, ramenées de Bonnétable en charrette, sont tuées, place des Jacobins, par les tricoteuses. « Voilà la plus belle journée que nous ayons eu depuis dix mois », s’exclame Prieux. » Extrait de la Vendée-Vengé de Reynald SECHER

 

« J’ai été instruit, comme toute la ville, des noyades : on en faisait des fêtes ; on donnait même des repas à ce sujet. » BOIVIN

 

« Carrier a peur, peur qu’une reste d’humanité lui fasse trahir sa mission exterminatrice, et il fait tout pour s’en protéger. D’où également l’humour noir, les « déportations verticales » par exemple, qui permettent à cet homme qui s’obstine à n’assister à aucune exécution de se masquer son propre rôle de bourreau. D’où enfin, ses nuits sans sommeil : comme d’autres cherchent l’oubli dans l’alcool, lui, le vertueux, s’abrutit de travail. Eperdu de douleur à devoir ainsi, par amour pour l’humanité idéale, tuer les hommes en détail et sacrifier sa propre sensibilité, il frappe encore et toujours, comme mû par une mystérieuse haine de chacun et peut-être d’abord de lui-même. » Alain GERARD

 

« Seule la conformité politique offre un minimum de garanties contre l’angoisse. On ment aux autres, en attendant que ce mensonge généralisé devienne pour tous, la vérité. » Alain GERARD

 

« Un monde nouveau est en train de naître, où la peur nest pas un but en soi, mais le catalyseur qui doit permettre de réaliser cet accouchement. Essayons den reconstituer latmosphère. Plongé dans un océan de perpétuelle angoisse, lindividu se retrouve désespérément esseulé, privé de ses solidarités habituelles par une incoercible méfiance de chacun contre tous. Où alors pourrait-il puiser la force de résister, sinon en lui-même ? Cest là que joue la décomposition morale. Le mensonge généralisé, lindifférence au sort des victimes, puis le consentement, enfin peut-être la participation à lignoble, ont tôt fait de ruiner les repères traditionnels. » Alain GERARD

 

« Pour éviter davoir honte deux- mêmes, ils devront sinterdire jusquau souvenir de ces horreurs, et pour cela rompre avec leur vécu, devenir des hommes nouveaux, affranchis de leur passé, condamnés à habiter une utopie. »

Alain GERARD

 

« Avec Carrier, nous basculons dans un autre monde, où la morale, la responsabilité, la réalité même nont plus leur place. Une cité utopique prend corps, peuplées dhommes tous identiques, libérés de leur passé, de leur conscience et finalement de leur liberté. A Nantes se réalise ce qui paraît constituer la nature ultime de la Révolution, qui est la régénération de lhumanité. Avec à la marge, parce que lavenir radieux, ne peut attendre, des cadavres. » Alain GERARD

 

« L’abbé Robin fait allusion, en parlant d’une première armée, aux 5 000 prisonniers bleus graciés par Bonchamps, le 18 octobre, à Saint-Florent-le-Vieil. Après avoir proclamé leur reconnaissance à l’égard de « leur libérateur », ils dévastent La Chapelle et s’en prennent à la population de femmes, d’enfants et de vieillards restée sur place. » Reynald SECHER

 

« Les noyades de Nantes commencent par des prêtres, et sans doute n’est-ce pas le fruit du hasard. D’abord parce qu’ils focalisent la haine des maximalistes. Mais, surtout, plus profondément, ne faut-il pas voir là le dessein délibéré d’atteindre le sacré ? En voulant délibérément couper l’homme de toute référence à la transcendance, ne vise-t-on pas à le réduire à l’état de pion sur l’échiquier de la Révolution, manipulable à volonté, sinon que l’on fusille, guillotine ou noie sans vergogne ? Comme si toujours le meurtre de Dieu devait précéder le meurtre de l’humain ? » Alain GERARD 1999 in Par principe d’humanités … La Terreur et la Vendée

 

« C’est bien dommage que nous ne puissions plus élargir, confiait Chaux. Toute la ville de Nantes eût passé entre nos mains. Nous eussions fait incarcérer tous les habitants les uns après les autres, ceux-ci pour une décade, ceux-là pour deux, etc. Après un quartier plus ou moins long, les Nantais eussent mieux valu. » La cité utopique, il en avait le pressentiment, ne se réalise que par ce que l’on n’appelait pas encore le camp de concentration. » Alain GERARD

 

« Cependant, comme un tel être (en parlant de Carrier), si prodigieusement doué pour le mal, ne saurait se contenter de dépeupler massivement, il lui faut encore s’en prendre à ce que l’homme a de plus sacré, à la pureté virginale, qu’il veut forcer à se pervertir elle-même avant de l’anéantir. Des jeunes filles et de jeunes garçons, dénudés et liés face à face, sont jetés dans le fleuve : tels sont les « mariages républicains », auxquels Carrier associe donc la chose publique, la « res publica », sans doute à la seule fin de la souiller et de la faire prendre en horreur. » Alain GERARD 1999

 

« Le 19 décembre, un nouveau groupe, de 27 prisonniers cette fois. Parmi eux les quatre sœurs la Métairie, âgées de vingt-huit, vingt- sept, vingt-six et dix sept ans, leur servante de vingt-deux ans et deux autres femmes. Carrier ordonne de les mettre à mort, toujours sans les juger. » La plus jeune d’entre elle, âgée de seize ans, témoignera Jeanne Lalliet, chargée de leur annoncer leur exécution, me donne cette bague. » Puis elles prient. D’autres avec elles attendent, pendant plus d’une heure, au pied de l’échafaud. « Le bourreau, ajoute le témoin, est mort deux ou trois jours après de chagrin d’avoir guillotiné ces femmes. » Alain GERARD   1999 In Par principe d’humanité …

 

« Là c’étaient de pauvres jeunes filles toutes nues suspendues à des branches d’arbres, les mains attachées derrière le dos, après avoir été violées. Heureux encore quand, en l’absence des Bleus, quelques passants charitables venaient les délivrer de ce honteux supplice. Ici, par un raffinement de barbarie, peut-être sans exemple, des femmes enceintes étaient étendues et écrasées sous des pressoirs. Une pauvre femme, qui se trouvait dans ce cas, fut ouverte vivante au Bois-Chapelet, près Le Maillon. Le nommé Jean Lainé, de La Croix de Beauchêne, fut brûlé vif dans son lit où il était retenu pour cause de maladie. La femme Sanson, du Pé-Bardou, eut le même sort, après avoir été à moitié massacrée. Des membres sanglants et des enfants à la mamelle étaient portés en triomphe au bout des baïonnettes. Une jeune fille de La Chapelle fut prise par des bourreaux, qui après l’avoir violée la suspendirent à un chêne, les pieds en haut. Chaque jambe était attachée séparément à une branche de l’arbre et écartée le plus loin possible l’une de l’autre. C’est dans cette position qu’ils lui fendirent le corps avec leur sabre jusqu’à la tête la séparèrent en deux. » Descriptions de Peigné et de l’abbé Robin

 

« A Clisson, des cadavres mutilés et des personnes encore en vie sont jetées dans un puits du château, 41 personnes sont noyées à Bourgneuf-en-Retz. A Angers, on tanne la peau des victimes, afin de faire des culottes de cheval destinées aux officiers supérieurs : « Le nommé Pecquel, chirurgien-major du 4e Bataillon des Ardennes, explique un témoin, Claude-jean Humeau, dans une déclaration au Tribunal d’Angers en date du 6 novembre 1794, en a écorchés trente-deux. Il voulut contraindre Alexis Lemonier, chamoiseur aux Ponts-de-Cé de les tanner. Les peaux furent transportées chez un nommé Langlais, tanneur où un soldat les a travaillées. Ces peaux sont chez Prud’homme, manchonnier … » Un autre témoin, le berger Robin, raconte que les cadavres « étaient écorchés à mi-corps parce qu’on coupait la peau au-dessous de la ceinture, puis le long de chacune des cuisses jusqu’à la cheville des pieds de manière qu’après son enlèvement le pantalon se trouvait en partie formé ; il ne restait plus qu’à tanner et à coudre » ;  Un soldat avouera à la comtesse de La Bouère avoir fait la même opération à Nantes et avoir vendu 12 peaux à La Flèche. En cela, les hommes ne faisait que suivre Saint-Just qui, dans un rapport, en date du 14 août 1793, à la Commission des Moyens extraordinaires déclare : « On tanne à Meudon  la peau humaine. La peau qui provient d’hommes est d’une consistance et d’une bonté supérieure à celle des chamois. Celle des sujets féminins est plus souple, mais elle présente moins de solidité. » A Clisson encore, le 5 avril 1794, des soldats du général Crouzat brûlent 150 femmes pour en extraire de la graisse : « Nous faisions des trous de terre, témoigne l’un d’eux, pour placer des chaudières afin de recevoir ce qui tombait ; nous avons mis des barres de fer dessus et placé les femmes dessus, (…) puis au-dessus encore était le feu (…). Deux de mes camarades étaient avec moi pour cette affaire. J’en envoyai 10 barils à Nantes. C’était comme de la graisse de momie : elle servait pour les hôpitaux. »

Reynald SECHER

 

« Personne n’est cependant parfait, pas même les plus dévoués parmi les artisans de l’extermination. Nous le verrons
bientôt, Fouquet et Lamberty seront accusés d’avoir, pour des fins très personnelles, sous trait des femmes de l’Entrepôt, et seront liquidés pour ce manquement à la vertu qui doit caractériser le véritable révolutionnaire. » Alain GERARD

 

« Il y a un an, écrit le général de brigade Danican à Bernier le 20 octobre 1794, que je crie contre toutes les horreurs desquelles j’ai été le malheureux témoin. Plusieurs citoyens m’ont pris pour un extravagant (…) mais je dirai et je prouverai quand on le voudra que j’ai vu massacrer des vieillards dans leur lit, égorger des enfants sur le sein de leurs mères, guillotiner des femmes enceintes et même le lendemain de leurs couches, que j’ai vu brûler des magasins immenses de grains et de denrées de toutes espèces (…). Accablé de besogne et d’inquiétude, il m’est impossible de faire un récit précis, mais si j’étais appelé en témoignage, il ne me faudrait que huit jours pour faire un mémoire dans lequel j’exposerais à tous les vrais amis de la République les intrigues de cette guerre sur laquelle on a constamment menti. Les crimes de Bouchotte et de tous les saltimbanques qu’il plaçait à la tête de nos armées pour les faire battre. Je prouverais qu’on ne s’est pas contenté de noyer à Nantes mais que ce genre de supplice avait lieu à trente lieues en remontant la Loire. Les atrocités qui se sont commises sou mes yeux ont tellement affecté mon cœur que je ne regretterai jamais la vie (…). Je parlerai en face aux cannibales. »

 

« Carrier a fait périr par les eaux des milliers d’hommes sans jugement préalable. » Etudiant BAUDRY

 

« On n’a point assez incendié dans la Vendée ; (…) il faut que pendant un an nul homme, nul animal, ne trouve de subsistance sur ce sol. » FAYAU

 

« Cette riche contrée qui nourrissait plusieurs départements et fournissait des bœufs en quantité pour Paris, des chevaux pour l’armée, n’est qu’on monceau de ruines. » TURREAU fin 1794

 

« Tout manque à l’agriculture : les voitures, les charrues, le fer, l’acier, les courroies pour lier le bœuf, les bœufs eux-mêmes, les vaches, les chevaux, les bêtes de toutes espèces, le journaliers et manœuvres réquisitionnées par l’armée. (…) La famine ne tardera pas à faire sentir ses funestes effets dans le pays sans un meilleur ordre des choses… On ne souffre pas le cultivateur dans sa chaumière ; sa fille et sa femme sont violées devant lui. On le rend témoin et quelques fois complice de cette infamie. La mort le poursuit de toutes parts et le désespoir le fait abandonner ses terres. Bientôt, ses champs seront couverts de ruines au lieu des belles moissons qu’ils produisaient autrefois…» Le maire de Salartennes.

 

« L’idée même de colonisation est avancée (par la Convention) afin de remettre en valeur ces terres vides d’hommes : « Il reste peu de citoyens dans ces contrées si belles et si fertiles ; un des plus beaux pays de la République est presque totalement abandonné sans culture et n’offre à la vue du voyageur qui la parcourt en tremblant, que des cendres et des cadavres ».  » Reynald SECHER

 

« Toutes les campagnes ont été dévastées. Elles ont perdu dans les incendies leurs villages, leurs bâtiments d’exploitation, tous leurs instruments aratoires, dans les combats une grande partie de leurs bestiaux, un tiers de leur population. Les vignes qui couvraient les coteaux de la Sèvre et les deux rives supérieures de la Loire ont péri faute de culture et chargent encore la terre d’un bois inutile, faute de bras pour les arracher. Les champs privés pendant trois ans de soins de labour sont incultes ou très imparfaitement défrichés. Les cultivateurs de ce département, forcés de venir acheter aux marchés de Nantes leurs denrées de première nécessité ne se consolent de tant de privations que dans l’esprit toujours éloigné de recevoir des dédommagements et des secours. » Rapport du Ministère

 

« En 1794, l’année terrible voulue par la Convention, la ruine du pays est complète. Les combats empêchent le paysan de travailler la terre et les colonnes infernales dévastent tout : « Elles ont incendié, se lamente un observateur, toutes les bourgades et chaumières, massacré une partie du reste des laboureurs, brûlé dans les greniers, ou dans les aires, le blé ou les herbes ; égorgé ou dévoré une quantité innombrable de brebis, de moutons et de bœufs, emmené ou détruit tous les chevaux et mulets ; consumé dans les flammes les laines, les lins, les chanvres et tout le mobilier. » Reynald SECHER

 

« Dans les vieilles civilisations asiatiques, le meurtre de l’homme « porteur de la semence volante » est certes crime, mais non sacrilège, fût-il exécuté dans un temple ; l’assassinat de la femme, en anéantissant la chaîne de la vie, est souillure irrémédiable qu’il faut expier : le lieu saint lui-même devient profané pour un temps. C’est cette volonté de faire disparaître de dessus la terre toute trace d’un peuple révolté qui contient la définition même du génocide. Que les Vendéens ne fussent pas des saints, qu’ils aient à leur passif des massacres : rien de plus logique dans l’inexorable chaîne des représailles et des contrereprésailles. Rien, cependant, ne peut justifier les délires de la haine et leurs fruits pervers. Car la graine de la haine a fécondé le XXè siècle en flots de sang. » Reynald SECHER

 

« Parmi les belles actions qui se sont passées en Vendée, Robespierre veut en retenir une, les prodiges de valeur du jeune Bara, qui nourrissait sa mère avec sa paie, et qui, aux Vendéens lui offrant la vie sauve s’il criait Vive le Roi ! a crié Vive la République ! Sa mort, insiste-t-il, constitue le pus bel exemple qui soit pour l’édification des jeunes Français. Il propose donc de lui décerner les honneurs du Panthéon, au cours d’une fête dont son collège le peintre David sera spécialement chargé. La Convention applaudit, tandis que ce dernier remercie modestement la nature de lui « avoir donné quelques talents pour célébrer la gloire des héros de la République. » cette opération constitue un véritable coup de génie. Du massacre d’une population, on ne retiendra de la sorte qu’un épisode dont tous les détails ne sont nullement prouvés, mais qui ne fait pas moins des Vendée, les assassins de l’innocence et de l’héroïsme révolutionnaires. Une inversion des responsabilités qui a l’avantage de justifier l’extermination en cours. Et comme Robespierre n’a très probablement donné aucun ordre écrit, il n’y aura pas de responsables. Seulement des cadavres.

 

N’empêche que, sur place, il faut des exécutants pour la sinistre besogne. Certains représentants se dérobent. Mais d’autres, qui pourtant, a priori, ne sont ni des débiles ni des crapules, croient devoir, pour fonder à jamais le bonheur du Peuple idéal, massacrer présentement le peuple réel. »

 » Alain GERARD  1999   Par principe d’humanité ... La Terreur et la Vendée

 

«  A la Convention, le démantèlement de la Terreur est entamé. Le 28 août, Tallien entreprend en expert de démonter un système dont la veille encore il était l’un des plus farouches partisans. Un gouvernement fondé sur la terreur ne peut, analyse-t-il, qu’accroître sans cesse la menace sur chacun et en tout temps, « pour toute espèce d’action et même pour l’inaction », sur la base de « toute espèce de preuves et sans ombre de preuves ». Un tel pouvoir est donc forcément toujours plus cruel, arbitraire et absolu, et c’est ainsi que, là où devaient régner la confiance, la propriété, la liberté, l’égalité et la fraternité, on ne rencontre finalement que délation, spoliation, asservissement, exclusion et haine. Les crimes, analyse-t-il très finement, sont devenus des vertus, et réciproquement, de par la corruption du vocabulaire lui-même, autrement dit par une perversion de « tous les principes et par la prostitution des seuls débris qui puissent en rester, je veux dire les mots qui servent à en parler le langage et à en conserver le souvenir ». De sorte que, de prudence en veulerie, l’individu se replie sur lui-même. La Terreur, ajoute-t-il, « rompt tous les liens, éteint toutes les affections ; elle défraternalise, désocialise, démoralise ; elle réduit l’âme au plus pur égoïsme ». Une brillante analyse en somme qui, à défaut d’expliquer la genèse du phénomène, a pour fonction de l’exorciser tout en reportant à des temps meilleurs l’organisation d’élections qui balaieraient tous les hommes en place. La Révolution sans la Terreur, mais toujours avec nous : voilà le programme des terroristes repentis. » Alain GERARD

 

« Passé l’indicible, pourquoi chercherait-on encore parmi les rescapés, à raviver la douleur en traduisant par des mots ce que tout le monde ne connaît que trop ? Et puis on ne reconstruit pas, on ne revit pas sur l’horreur. Bientôt, les souffrances subies deviennent, sous l’effet d’un catholicisme revivifié, le sacrifice rédempteur d’un peuple qui face à l’impiété révolutionnaire, a confessé sa foi. » Alain GERARD

 

« C’est un pays exceptionnel que la Vendée : il faut donc la laisser se régir avec des lois exceptionnelles, car une guerre pareille, renouvelée dans quelques années perdrait le gouvernement. » HOCHE Le Directoire, par la loi du 24 août 1797, proclame théoriquement l’amnistie et le retour d’une certaine liberté religieuse. En fait, la Vendée est laissée à l’arbitraire haineux des autorités locales : on la persécute avec une ténacité tracassière. » Reynald SECHER

 

« Tout un pays fait mine de découvrir des horreurs que chacun était à même de connaître, mais qu’on se dissimulait soigneusement derrière le lyrisme à la mode. Qu’il est doux, et facile, et exaltant de penser qu’un opposant politique, ça saigne et ça souffre en mourant. Ainsi, ceux qui se sont menti en appelant liberté la dictature, ceux qui ont applaudi au passage des charrettes de guillotinés, ou encore ces braves charpentiers qui préparaient les gabarres, se réjouissent maintenant de voir démasquer pire qu’eux. Et puisque ça ne suffit pas encore, on invente un monstre de lubricité, jouissant du spectacle des mariages républicains. Le Tribunal révolutionnaire devient de la sorte une vaste machine à fabriquer des innocents en désignant les coupables. Après avoir tenté de  nier, la plupart de ceux-ci se racontent et découvrent, incrédules, les criminels qu’ils ont été, tandis que d’autres, peu nombreux il est vrai, refusant de se renier, s’enferment dans une innocence révolutionnaire qui apparaît maintenant comme une monstrueuse culpabilité. » Alain GERARD

 

« Turreau s’est considérablement enrichi du produit de ses pillages : hier courageux, il n’est plus aujourd’hui qu’un lâche, qui ne cherche qu’à emplir son havresac. De toute façon, à force de tuer des civils sans défense, il a perdu cette considération pour lui-même qui fait la force du véritable combattant. Quant à l’ennemi, aussitôt aperçu il se dérobe, pour exercer à l’improviste les plus terribles des représailles. Dans ces conditions, tel soldat qui ferait merveille aux frontières, sue de peur dans le bocage vendéen, témoigne le général en chef, qui a vu des bataillons entiers terrorisés à la seule évocation des « brigands ». Si à cet état d’esprit on ajoute la fatigue accumulée par les courses incessantes, rien d’étonnant que, contre une guérilla qui s’étoffe chaque jour des parents des victimes, les défaites se multiplient. » Alain GERARD

 

« « Il s’en va à la Vendée », dira-t-on longtemps après en Berry, paraît-il, de quelqu’un qui va mourir. De sources piégées en oubli volontaire de la part des bourreaux, la France post-révolutionnaire, évidemment peu portée à célébrer un épisode peu glorieux de son histoire, s’efforcera de tout oublier. D’où le silence, un silence assourdissant que chacun peut constater en feuilletant la plupart des livres d’histoire consacrés à cette période. » Alain GERARD

 

« Parlons maintenant des Vendéens, parlons de ces hommes vraiment extraordinaires dont l’existence politique, les rapides et prodigieux progrès et surtout la férocité inouïe, feront époque dans les fastes de la Révolution ; de ces Vendéens à qui il ne manque que de l’humanité et une autre cause à défendre pour réunir tous les caractères de l’héroïsme. Une manière de combattre qu’on ne connaissait pas encore et peut-être inimitable en tant qu’elle ne peut s’approprier qu’à ce pays et tienne au génie de ses habitants ; un attachement inviolable à leur parti ; une confiance sans bornes dans leurs chefs ; une telle fidélité dans leurs promesses qu’elle peut suppléer à la discipline ; un courage indomptable et à l’épreuve de toutes sortes de dangers, de fatigues et de privations : voilà ce qui fait des Vendéens des ennemis redoutables et qui doit les placer dans l’histoire au premier rang des peuples guerriers. » Général TURREAU

 

« Afin de sortir du poison de la haine qui aurait très bien pu les ronger, ils réinventent le catholicisme, hissant le pardon de Bonchamps à la hauteur d’un idéal collectif et bâtissant en moins d’un siècle ce foyer de chrétienté que la région n‘était pas avant les évènements. En Vendée, la Révolution a démocratisé le martyre. Pour avoir expérimenté les limites d’un bonheur imposé par l’Etat, on est ici durablement de droite : la Vendée est devenue blanche d’avoir trop saigné. Mise au ban de la nation, elle subit un long exil intérieur, que la grande ordalie commune de 1914-1918 vient conjurer, et qui disparaît avec le miracle économique de la seconde moitié du XXè siècle. » Alain GERARD

 

« Turreau, l’instigateur des colonnes infernales, témoin privilégié des turpitudes terroristes de la France révolutionnaire, poursuite une carrière plutôt passable. Vaguement employé en 1796 à l’organisation de la réquisition militaire à Paris, il est impliqué dans la conjuration de Babeuf, puis participe, aux côtés de son ami le général Augereau, au coup d’Etat du 18 fructidor. Sous Bonaparte, son comportement autoritaire compromet ses missions, que ses infirmités le forcent parfois d’interrompre. Nommé de 1804 à 1811, ministre de la France, c'est-à-dire Ambassadeur, aux Etats-Unis, il est apprécié de Jefferson, mais le blocus continental révèle de nouveau son manque de souplesse. Le 13 mars 1812, Napoléon le fait baron de Linières, et ce carriériste impénitent obtient bientôt, grâce à Augereau, le commandement de Wurtzbourg. Ce qui ne l’empêche pas, le 6 mai 1814 à Marienberg, d’organiser un banquet pour saluer le retour de Louis XVIII. Enfin, le 27 décembre (1814), le bourreau de la Vendée catholique et royale se voit décerner le brevet de chevalier de l’ordre militaire de Saint-Louis. Ainsi donc, non seulement, l’instigateur des colonnes infernales sauve sa tête, mais il se bâtit ensuite, sous les régimes successifs, une carrière honorable. » Alain GERARD

 

« Déviance politique ou de droit commun, c’est en effet tout un, pour qui prône la cité d’Utopie et se doit séparer ceux qu’il estime dignes d’y entrer de ceux dont il s’étonne qu’ils ne hâtent pas eux-mêmes leur nécessaire disparition. Les noyades de Nantes ouvrent ainsi le champ, par nécessairement limité, de la purification de l’humanité. (…) La Révolution, créatrice d’un homme nouveau, produit nécessairement des cadavres.

 

Face à une telle élimination, nous pourrions être tentés d’invoquer le caractère sacré de la personne humaine, par référence aux fondements judéo-chrétiens de notre civilisation. En pure perte, car ce serait compter sans la totale imperméabilité de ce système idéologique à quelque argument que ce soit, y compris aux droits de l’homme dont ses tenants n’ont cependant aucun scrupule à se réclamer. La création d’un ennemi virtuel, qui sans cesse menace la Révolution, non seulement discrédite toute opposition, mais permet de s’autojustifier, en un système définitivement hermétique. » Alain GERARD   1999 in Par principe d’humanité … La Terreur et la Vendée

 

« Du côté des massacrés, on a subi les évènements sans pouvoir les comprendre, et le traditionalisme de leurs descendants ne les a guère armés pour pénétrer l’univers mental éminemment moderne du terrorisme d’Etat. (…) La volonté de faire le bonheur de l’humanité peut conduire à la massacrer en détail, sans pour autant générer un quelconque sentiment de culpabilité.» Alain GERARD

 

« La Révolution française s’invente en marchant. La Terreur est d’abord une pratique, bien avant que d’être conçue et de recevoir unblant de justification. Exterminer le peuple au nom du peuple ne va en effet pas de soi, y compris et peut-être surtout pour les maximalistes. D’où cette invention, passablement exotique dans une idéologie qui se veut universaliste, d’une « race rebelle ». Alain GERARD

 

« L’Etat hérité de la Révolution ne pouvait très probablement se reconstruire que sur l’oubli, et on voit mal comment le souvenir du grand massacre aurait pu ne pas être sacrifié sur l’autel de la raison d’Etat. En dépit cependant de cette amnésie officielle si cruelle aux vaincus, Napoléon saura parler aux Vendéens, qui n’en attendaient pas tant, le langage de leur propre grandeur. » Alain GERARD

 

« En focalisant la vindicte du pouvoir, il est bien possible que la Vendée ait épargné le pire à d’autres régions, qui en fin de compte n’étaient pas moins étrangères à la dérive terroriste. » Alain GERARD

 

« …le mal, les moyens violents, iniques, inhumains, même en supposant qu’ils aient eu durant le moment de crise une apparence d’utilité immédiate, laissent ensuite, ne fût-ce que sur des imaginations frappées (…) de longues traces funestes, contagieuses, soit en des imitations théoriques, exagérées, soit en des craintes étroites et pusillanimes ». SAINTE BEUVE

 

« Il faut, recommande Billaud-Varenne, « créer un caractère national qui identifie de plus en plus le peuple à sa Constitution ». Vaste entreprise en vérité, qui selon lui n’implique rien de moins que de « recréer » ce dernier. Comment donc sans plus tarder transformer ce peuple engoncé dans ses préjugés en acteur de sa propre métamorphose ? La réponse emprunte à la fois à l’individualisme quant à l’initiative de l’opération et, par son caractère, au collectif. L’homme en effet qui aura extirpé de lui-même ses intérêts privés aura prouvé, ne serait-ce que par la vertu de son exemple, qu’il est seul digne de prendre en mains les destinées de ses frères humains. Accomplissant ainsi ce qu’il prend pour la modernité, il ne doute cependant pas qu’il fait resurgir le plus archaïque : en

s’investissant dans un militantisme intégral, il évite effectivement d’assumer l’angoisse inhérente à l’individualisme moderne, mais du même coup il recrée une société organique en laquelle ce dernier n’a pas droit de cité. De ce fait, il abdique sa liberté (et accessoirement celle des autres) pour se soumettre à la dictature la pire qui soit : celle de tous sur chacun. » Alain GERARD

 

« Le révolutionnaire professionnel, ce personnage taillé dans une étoffe nouvelle, dépouillé d’intérêts personnels au point de faire de la politique sa seule morale, va se multiplier au XIXème siècle et proliférer au XXème. Dans son célèbre « catéchisme du révolutionnaire », paru en 1869, Netchaïev brosse, en des termes qui rappellent beaucoup le serment des acolytes de Carrier, le portrait de cet « homme perdu d’avance », qui « méprise tout doctrinarisme » et a entièrement rompu avec la « parenté, l’amitié, l’amour, la gratitude, l’honneur même », au profit de « la seule et froide passion pour la cause révolutionnaire ». Prêt à endosser toutes les livrées pourvu qu’elles appartiennent aux extrêmes, fascinant pour les masses atomisées, déstabilisées par la guerre ou par une transition démocratique trop brutale, il est partout prêt à tout pour instaurer le règne de l’unique et de l’indifférencié. Chez cet homme qu’il appelle le terroriste, Herzen remarque une personnalité que nous avons déjà rencontrée, dont il exalte tout à la fois « la pureté naïve de l’ignorance, la foi inconditionnelle dans la justesse et le succès (…). Il y a dans son obscur caractère, ajoute-t-il, une sorte de virginité, et dans son impitoyabilité une bonhomie d’enfant ». Parfois, l’an II sert très explicitement de référence, notamment chez les Russes. « La Terreur de 1793 était majestueuse dans son obscure impitoyabilité », ajoute encore le même penseur, tandis que pour Lénine « tout le développement de l’humanité civilisée découle de la Grande Révolution française, tout lui est dû ».  Ceci dit, le XXème siècle ajoute à cette esquisse au moins trois perfectionnements. Les idéologies d’abord, les unes fondées sur le sens de l’histoire, les autres sur le rôle éminent de telle race, et qui permettent à l’idéocrate d’interner à l’avance des millions d’hommes dans une image avant de les éliminer pour de bon. Egalement, comme le note l’historien Albert Soboul, le parti « strictement discipliné et donc reposant sur un recrutement de classe comme sur une sévère épuration ». Cet instrument de guerre civile, dont les clubs de l’an II  ne constituent qu’une pâle esquisse, servira également au révolutionnaire professionnel à se fabriquer des clones et, grâce au cercle des sympathisants, à mieux se protéger du réel. Enfin le camp, tout juste rêvé par Saint-Just et par Chaux à Nantes, et qui, en complément du Parti, constitue l’endroit par excellent où

s’expérimente la cité totalitaire. » Alain GERARD

 

« Comment a-t-on pu, par amour pour le Peuple en général, le massacrer en détail ? Si la Révolution française inaugure la modernité politique, la Terreur, cette maladie infantile de la démocratie, paraît bien être grosse d’une telle pratique. (…) A la base de ce drame, la tentation de l’individualisme radical n’est pas seulement lourde de potentialités totalitaires, mais appelle à se défier de ce ferment qui menace de dissoudre la cité démocratique. Le « je » ne peut exister dans le « nous », la liberté sans la solidarité. Et réciproquement. »  Alain GERARD

 

« Ce dieu morbide est une arme pour les tyrans qui exigent en son nom que les hommes se soumettent, tuent et se tuent pour un idéal de pureté qu’aucune trace de bonheur ne viendra souiller. Ce dieu tyrannique organise l’agréable solidarité de ceux qui lui obéissent à mort et conduit comme un seul homme son groupe d’adorateurs qui doivent ignorer, mépriser et même éliminer les hommes des autres groupes qui ne croient pas au même dieu. » Boris CYRULNIK 2006 in De chair et d’âme

 

« On ne peut pas nier qu’un peuple en lui-même est un puits d’ignorance et de confusion. C’est pourquoi les gouvernements purement populaires ont été partout éphémères, et, outre des tumultes et des désordres infinis, dont ils étaient pleins durant leur existence, ils ont provoqué la tyrannie ou la ruine définitive de leur ville. » Francesco GUICCIARDINI (1483-1540)

 

« Dans l’histoire de l’Europe moderne, c’est la Révolution française qui la première fit passer dans la réalité l’idée d’exterminer une classe ou un groupe. » ERNST NOLTE, historien

 

« C’est de l’universalité de la dialectique scientifique du « siècle des Lumières », comme de l’universalité des droits proclamés, que s’est révélée depuis deux siècles, l’universalité de la barbarie des idéologies nationalistes anthropocentrées.

 

C’est en précurseur de l’extermination systématique des masses que s’est imposée la toute jeune république française en décrétant, moins d’un an après son avènement, cet holocauste franco-français que les historiens sont unanimes aujourd’hui  à reconnaître comme le premier génocide idéologique de l’histoire, celui du peuple vendéen.

 

La méthodologie fera florès à travers le monde dans les siècles suivants et coûtera plusieurs centaines de millions de vies à l’humanité, comme si les émules politiques des philosophes éclairés du 18ème siècle ne voulaient pas en finir de confirmer ce que la science et la pensée de leurs maîtres nous avaient appris : L’homme n’est pas fils de Dieu.

Il n’a de parenté qu’avec le singe.

 

Le peintre de Lascaux subjuguait  la violence de ses crimes en en transcendant les objets par leur représentation pariétale.

 

En se plaçant au centre de l’univers et en niant toute transcendance, l’homme des Lumières, par l’abandon de toute culture cathartique, a libéré la violence de destruction de son prochain. Pour la première fois depuis cent mille ans,  l’ « homo sapiens sapiens » ne savait pas qu’il ne savait pas.

 

Par l’émergence des nationalismes et des droits issus des idées des Lumières, un certain homme « éclairé » a substitué la barbarie au sordide, l’extermination à l’esclavage.

 

Et ce au nom de la science, de la vertu, de la régénération de l’homme, de la pureté du sang ( !) et des sentiments, de la pureté des principes et des droits humains, de la tolérance, de la bienveillance, de la justice, de la sensibilité, de l’égalité, de la liberté, de la purification et du bonheur de l’humanité, rhétorique universelle et non moins exterminatrice dans sa logique terroriste : à prétendre imposer l’égalité et l’universalité aux hommes, créatures organiquement et culturellement plurielles et diverses, on supprime d’abord les libertés.

 

Puis on supprime les hommes. »            Jean-Marc YRONDE

 

« La dernière pierre que l’on arracha à la Bastille servit de première pierre aux chambres à gaz d’Auschwitz. »  Israël ELDAD Historien juif

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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